Séries : 1L, 1ES, 1S

 

Titre : Mobilité, flux et réseaux de communication : l’inégale connexion des territoires français et européens dans le contexte de la mondialisation

 

La mondialisation est la mise en relation des différentes parties du monde par la multiplication de flux de natures différente. On observe en effet un développement des mobilités concernant les personnes et une augmentation des échanges de marchandises et d’informations. L’Europe et la France participent à ces flux, on peut cependant se demander si ….

 

Problématique : …..les territoires français et européens sont également intégrés dans le contexte de la mondialisation. Observe-t-on une inégale connexion de ces espaces ?

 

Mobilités : déplacements des personnes à différentes échelles que ils soient définitifs (migrations) ou pas (mouvements pendulaires, etc.)

Flux : circulation de marchandises (flux matériels), de populations (flux humains), de capitaux ou d’information (flux immatériels).

Réseaux : ensemble des liaisons qui relie des territoires (routes, voies ferrées, lignes aériennes, numériques…).

 

I Le développement des mobilités et des flux…..

a)     L’importance des déplacements de personnes

L’augmentation des déplacements est une réalité. En effet, on observe une croissance de 45 % des mobilités à courtes et moyennes distances (50-150 km) depuis 1985. Différents facteurs peuvent expliquer ce phénomène. L’étalement urbain, les disparités foncières, fiscales ou salariales favorisent les mouvements pendulaires dans les grandes métropoles ou au niveau de certains passages frontaliers. On observe également des migrations, qu’elles soient internes ou internationales. Sur le plan interne, elles sont liées à des parcours de vie en relation souvent avec des études, une carrière ou une fin d’activité. Dans le domaine des migrations internationales, on distingue le plus souvent les migrations politiques des migrations économiques. Dans le premier cas, on parle de déplacés ou de réfugiés auxquels toute nation européenne doit l’asile. Dans le second cas, on parle de travailleurs étrangers à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail. Désormais, on compte  2,4 millions de français à l’étranger. Par ailleurs, la France de 65 millions d’habitants, accueille 160 000 immigrés par an. A ce sujet, il faut savoir que la convention de Schengen signée en 1990, et qui engage 24 Etats, cherche à favoriser la libre-circulation des ressortissants européens dans l’espace du même nom tout en renforçant le contrôle aux frontières extérieures. Pour terminer, il faut évoquer les flux touristiques. L’Europe et la France en particulier sont particulièrement concernées par ce phénomène comme nous l’avons vu dans un cours précédent. La réduction des coûts de transports explique en partie le développement de cette activité. Elle explique aussi le développement du transport de marchandises…..

 

b)     de marchandises

Les transports connaissent d’énormes progrès. La conteneurisation permet de rationnaliser le transport de marchandises. Ce progrès va de paire avec le développement de l’intermodalité qui permet le passage d’un mode de transport à un autre. En France comme dans toute l’Europe, on voit apparaître des plateformes multimodales comme à Toulouse, Saragosse, Port-Bou (Euroterminal) ou Dourges (Delta 3). L’intégration dans le marché unique européen et la promotion du libre-échange dans le cadre de l’OMC ont également favorisé le développement de ces flux.   Au total, 44 % des marchandises transportées dans l’UE le sont par route. Le rail est en déclin. Depuis 1970, sa part de marché est passée de 10 à 6 % pour le transport de passagers et de 21 à 8 % pour les marchandises. En France, la route représente 82.9% du transport de marchandises, le rail 10%, le fluvial 1.9% et les oléoducs 5.2%.

 

Conteneurisation : mode de transport par caisses de dimensions normalisées. Le conteneur de base est la boîte de 20 pieds (6.058 pm) de long et d’une capacité de 20.32 tonnes.

Intermodalité : système de transbordement permettant d’utiliser des moyens de transport complémentaires, en supprimant ou en limitant les ruptures de charge d’un mode de transport à l’autre.

Multimodalité : utilisation et combinaison de plusieurs modes de transports au cours d’un même déplacement ou transport

Plateforme multimodale : plate-forme qui associe plusieurs modes de transport, maritime, fluvial, ferroviaire, routier, réunis dans un même lieu (port, aéroport)

 

c)     et d’informations et de capitaux.

Les échanges d’informations se développent également. Même si les flux de données qui les transportent sont dématérialisés, les infrastructures qui permettent leur transmission sont visibles dans le paysage ou ont une réelle emprise sur le territoire, de l’antenne d’opérateur en téléphonie mobile aux câbles terrestres ou sous-marins. Contrairement à une idée reçue, ces transmissions ne sont pas instantanées. Ceci explique dans les grandes métropoles européennes, la localisation d’activités financières à proximité de serveurs centraux pour gagner en rapidité (high frequency trading). Au total, les investissements français à l’étranger représentent plus de 600 milliards de dollars tandis que les investissements étrangers en France représentent eux plus de 800 milliards de dollars. 

 

II … permet de distinguer les territoires intégrés

a)     … qui correspondent à une partie de la  dorsale européenne

La partie nord de la dorsale européenne est caractérisée par un maillage extrêmement dense et complet de voies de communication. On peut d’ailleurs la considérer comme l’axe majeur de communication en Europe. Pour donner une idée des flux qui l’animent, le trafic global sur le Rhin qui constitue son artère principale est de 300 Mt par an. Duisburg en Allemagne est le premier port fluvial mondial avec un trafic supérieur à 50 millions de tonnes de marchandises. L’intensité du trafic se mesure également par l’activité de hubs majeurs, tels que les aéroports de Londres et Francfort. Dans cette région du monde, l’importance des flux et des mobilités s’explique par l’activité économique, les fonctions de commandement et les densités de population.

 

La dorsale Européenne est également reliée au reste du monde par la Northern Range ou rangée nord européenne qui joue un rôle d’interface entre l’arrière pays et le reste du monde qui constitue son avant pays. Le long de ce range sont transbordés 600 millions de tonnes de marchandises chaque année. Cette façade est constituée par un chapelet de grands ports qui s’égrène le long de la Manche et de la mer du Nord, entre l’Elbe et la Seine. Les cinq ports les plus importants de cette dorsale sont Rotterdam (430 Mt de marchandises en 2010), Anvers (178 Mt), Hambourg (121 Mt), Amsterdam (90Mt), Le Havre (70 Mt). L’inégale intensité du trafic dans ces ports s’explique par l’inégale extension de leur arrière pays, par les différents niveaux d’activité qui les caractérisent et par l’inégale qualité du maillage de voies de communication qui les drainent. Les ports Belges, Néerlandais et Allemands ont des hinterlands qui dépassent le cadre national. Ceci qui n’est pas le cas du Havre, de Rouen et de Dunkerque. Par ailleurs, les ports évoluent. La réalisation d’infrastructures permet de réduire le temps de rupture de charge. On crée des portiques, des quais, des systèmes roll on–roll off  et parfois des avant-ports pour éviter le temps d’une remontée d’estuaire ou d’un atterrissage. On voit par ailleurs se constituer des zones-industrialo portuaires où les entreprises cherchent à tirer profit d’une localisation littorale.

 

En France, la dorsale Européenne est en quelque sorte doublée par un axe bifide qui relie Lille et Le Havre à Marseile en passant par Paris. Bien que l’intensité du trafic soit moindre que le long de la mégalopole, il s’agit également d’un axe majeur européen.

 

Arrière-pays (Hinterland): partie continentale en arrière d'un port maritime constituant son aire d'approvisionnement et de desserte.

Avant-pays (foreland) : espace outre-mer constitué par les partenaires commerciaux du reste du monde.

Maillage : organisation en réseau des voies de communication.

Interface : zone de contact entre deux espaces différents, animée par de nombreux échanges et qui marque également une discontinuité.

 

a)     ,…et aux nœuds de communication majeurs.

La plupart des métropoles européennes sont des nœuds de communication majeurs. Entre elles, les espaces-temps semblent se contracter compte tenu de la rapidité des transports. Elles semblent constituer ce que certains appellent la « pieuvre rouge » des centres européens. L’Aéroport de Roissy offre un exemple d’interconnexion entre les principales métropoles européennes et mondiales. Cet aéroport situé au Nord Est de Paris, est un véritable hub. Il met en effet en relation des lignes court et moyen-courriers avec des lignes long-courriers. Par Roissy transitent entre 50 (2010) et 60 (2008) millions de passagers. Les ports majeurs français et européens sont d’autres synapses qui relient leurs territoires au reste du monde. Le port de Marseille représente 96 Mt de marchandises en 2008.

 

Nœud de communication : lieu où se croisent plusieurs axes de communication.

Synapse : lieu de contact entre deux territoires.

 

b)     de ceux qui le sont moins, 

Parmi ces territoires, on peut distinguer, ceux qui …

…sont équipés mais restent en situation périphérique.

Il s’agit de territoires où d’importants efforts d’équipement sont réalisés mais qui restent cependant éloignés. En France, cela concerne surtout le grand ouest. La Bretagne, malgré les progrès des infrastructures (plan routier breton et desserte TVG jusqu’à Rennes) reste excentrée du fait de l’éloignement.

, ceux qui souffrent d’un enclavement relatif.

Il s’agit de territoires sous équipés et éloignés des grands axes de communication. Ils sont le plus souvent en montagne. En France, cela concerne pour l’essentiel des territoires qui en dehors des grands axes et des métropoles jalonnent la diagonale du vide des Pyrénées aux Ardennes.  En Europe, il s’agit de la grande périphérie du Mezzogiorno italien aux régions septentrionales de Scandinavie en passant par certaines régions espagnoles et des territoires d’Europe centrale et orientale. Ces territoires sont aussi ceux qui sont les moins biens couverts par l’ADSL et la téléphonie mobile. En France, 15% des français ne seraient pas desservis par l’ADSL de France Télécom.           

, ceux qui sont traversés mais pas desservis.

Cela concerne des espaces situés le long de voies de communication rapides (autoroutes, LGV), mais éloignés des bretelles d’accès ou des gares TGV. C’est, par exemple, la situation d’une partie du Gers. Dans le cas de ces territoires, on parle d’effet-tunnel.

 

Effets-tunnels : situation observée dans des territoires traversés où longés par de grands axes de communication sans être pour autant être desservis.

 

III ….ainsi que de multiples enjeux.

 

a)     Certains sont liés à des problèmes d’engorgements.

Le long des voies les plus fréquentées, on observe régulièrement des phénomènes de saturation. Ainsi, chaque jour, 7 500 km d’autoroutes européennes sont paralysés par des embouteillages. Les problèmes de saturation concernent aussi le domaine aérien. Dans les principaux aéroports européens, 35 % des vols sont retardés d’au moins quinze minutes.

 

b)     d’autres à des questions environnementales et de santé publique.

Les encombrements sur les routes et dans les aéroports alourdissent de 6 % la facture énergétique de l’UE et aggravent la pollution en proportion. Au niveau de l’UE, les transports sont responsables de 28 % des émissions de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre. En montagne, le phénomène peut d’ailleurs s’aggraver à cause de l’encaissement (on a enregistré des taux de fumées noires 2 fois supérieurs au maximum accepté par l’OMS devant une école dans la vallée de Chamonix) et des phénomènes d’inversion de température qui « piègent » l’air vicié au fond des vallées. Il faut évoquer également les pollutions accidentelles (naufrage des pétroliers « Erika » et « Prestige » ou du chimiquier Ievoli Sun). On peut évoquer également les nuisances sonores liées aux rotations des avions. Pour terminer, les antennes de téléphonie mobile suscitent des interrogations concernant leur impact sur la santé des populations qui les voisinent.

 

c)     Il existe également des problèmes de connexion et de compatibilité des réseaux.

Les passages d’un pays à un autre peuvent constituer des goulets d’étranglement dans la mesure où les réseaux ferroviaires nationaux fonctionnent selon des normes différentes et qu’ils ne sont pas suffisamment intégrés. En ce qui concerne le transport fluvial, le gabarit Freycinet déterminé au XIX siècle qui caractérise une bonne partie du réseau français ne peut accueillir les péniches rhénanes. Des efforts sont cependant faits actuellement pour mieux relier le réseau français au bassin rhénan.

 

d)     Ainsi que des problèmes de sécurité.

Le long des axes les plus fréquentés, l’intensité du trafic, le manque de prudence et l’insuffisance de certains équipements sont à l’origine des certaines catastrophes. On peut évoquer en 1999, la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc qui fit 39 victimes et en 2001, la catastrophe du Saint –Gothard qui fit 11 victimes.

 

Conclusion : Les territoires européens et français sont donc inégalement connectés entre eux et au reste du monde. La mégalopole et les principales métropoles sont, de loin, les espaces les mieux reliés. Les espaces périphériques sont inégalement intégrés compte tenu de leur niveau d’équipement et de leur éloignement. Par ailleurs, le développement des mobilités et des flux ne sont pas sans générer certains problématiques particulières.

 

Auteur : Nérée Manuel

Dernière mise à jour : 04/12

 

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