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Enjeux, acteurs et
problématiques d’un aménagement local : le projet Ludina
Un aménagement est
le résultat (produit) d’une modification volontaire de l’organisation de
l’espace. De la seconde guerre mondiale au début des années 2000, l’aménagement
du territoire était avant tout perçu comme le moyen de mieux équilibrer la
répartition des hommes (et des femmes), des ressources et des activités sur le territoire. Désormais, dans le contexte
de la mondialisation et de l’intégration européenne, elle prétend également
renforcer la compétitivité, l’attractivité des territoires dans un souci affiché de développement durable. Le programme nous invite à étudier un
exemple d’aménagement situé dans notre territoire de proximité. Nous pourrions
nous intéresser au complexe aqualudique de Ludina ouvert en 2005 à Mirande.
Pourquoi ce complexe a-t-il été créé ? Pourquoi à
Mirande ? Quels sont les acteurs de ce projet ? Comment
s’intègre-t-il dans son contexte, qu’il soit local ou plus étendu ? Quelles
sont les questions et éventuellement les limites de cette réalisation ? D’une
manière générale, quels sont les enjeux d’un tel aménagement ?
I A l’origine du projet …..
a)….des acteurs locaux diagnostiquent sur le territoire……
Créée
en 1999, la communauté de communes Cœur d’Astarac, a pris en charge en 2005 la
question d’un nouvel équipement dans ce domaine. Conformément aux compétences
des intercommunalités, elle est
responsable du développement économique, de l’aménagement et de la planification. Aujourd’hui, 90% du
territoire relève de ce type de structure intercommunale.
Intercommunalité : désigne les différentes structures légales mise en
place pour permettre le regroupement et la coopération de plusieurs communes
dans différents domaines.
b) ….un besoin d’équipement.
Sur
le plan local, l'ancienne piscine du Bartardeau, construite en 1970, n'était plus aux normes malgré une récente
rénovation. Elle ne répondait plus non plus semble-t-il aux besoins de la
population. Par ailleurs, malgré la présence sur le lac de Miélan de
d’équipements touristiques, il n’y avait pas dans l’environnement immédiat de
Mirande de complexe Aqualudique comparable.
c) Ils
proposent une stratégie de développement..
Le choix est alors fait de privilégier une offre de loisir en
relation avec le développement d’activités touristiques. Parmi les possibilités
offertes sur son territoire de gestion,
la Communauté de communes Cœur d’Astarac fait donc le choix de situer en son
centre, dans la commune de Mirande, le complexe Aqualudique. Il s’intègre ainsi
dans son Schéma de Cohérence
Territoriale (SCOT). Ce schéma anticipe et planifie la vocation et les
fonctions des différents espaces.
Territoire de gestion : territoire crée dans un
objectif de gestion, d’administration.
d)… et sollicitent des financements.
Les études réalisées révèlent que le projet doit coûter
autour de 2 millions d’euros. Le soutien de l’Union européenne, du Conseil
Général et du Conseil régional et de l’Etat est donc demandé. En dehors de la
Communauté de Communes, les autres niveaux
de collectivités participent alors à hauteur de 45% au financement du
projet. Les acteurs institutionnels de cet aménagement
II La réalisation….
a)…mobilise
d’autres acteurs...,
A la suite
d’un appel d’offre lancé au niveau européen, l’étude et la réalisation du projet sont confiées à une
entreprise marseillaise. Quatre ans furent nécessaires entre son lancement et
sa réalisation.
b)… et
prend forme
Le complexe comprend un bassin de 0 à 0.80m de profondeur
pour la découverte de l'eau par les tout jeunes enfants, un bassin un peu plus
profond, jusqu'à 1m20 de profondeur. Il y a également un bassin
d'apprentissage. Un bassin de 1m80 de profondeur est destiné aux personnes
sachant nager. Tous les bassins communiquent entre eux et représentent une
surface de 800m². Autour des bassins, un espace de verdure s'étend sur quelques
15.000 m2, sur les berges de la Baïse. Il y a, en outre, de nombreux
équipements : 5 toboggans, des jets hydromassants, des bains bouillonnants...Depuis
2009, une aire destinée aux pratiques sportives sur sable est disponible.
c) Les
objectifs fixés sont-ils atteints ?
En termes de fréquentation, les objectifs semblent avoir été
atteints. On attendait entre 30 et 40 000 entrées par saison. Ce fut le
bilan de la première année. Les visiteurs viennent de Mirande, de la communauté
de communes, d’Auch, de l’ensemble de la région. On note également une fréquentation liée aux séjours de
touristes dont la provenance est plus lointaine, en particulier au moment du
festival Country. Le complexe aqualudique s’inscrit donc dans un contexte qui dépasse largement le cadre
de la seule commune de Mirande et bénéficie de flux touristiques relativement nombreux et variés.
d) Quelles
sont les questions qui restent posées par l’intercommunalité en général et par ce choix de développement en
particulier ?
6 ans après sa mise en service le
complexe Ludina présente quelques malfaçons. Des fissures apparaissent, le
revêtement demande rénovation. Celle-ci est estimée à 150 000 euros. Une procédure devant les
tribunaux administratifs est donc engagée par la communauté de communes contre
l’entreprise qui a réalisé le projet.
Compte tenu des dépenses engagées,
certains posent la question de la pertinence de cet aménagement, alors que sur
le territoire de gestion de la communauté de communes à Miélan existait un
petit complexe de détente que la Compagnie des coteaux de Gascogne a souhaité
céder il y a quelques années.
De façon plus générale la gestion
actuelle des territoires suscite quelques interrogations. D’abord, on peut
discuter le caractère démocratique de leur mode de fonctionnement. En effet, le conseil de la communauté
de communes n’est pas constitué de personnes élues directement mais de
représentants issus des conseils municipaux des différentes communes membres.
Ensuite, la volonté de rendre les territoires plus attractifs peut pousser les
communautés de communes à multiplier des infrastructures comparables et
désormais concurrentes alors d’autres équipements font défaut. Le Gers compte
une dizaine bases de loisirs, complexes aqualudiques et autres installations
comparables mais aucune piscine véritablement olympique.
Pour terminer, un appel d’offre
vient d’être lancé par la communauté de communes pour une délégation de
service public de l’exploitation du complexe aqualudique. Cette gestion se
ferait par affermage. C'est-à-dire qu’un acteur certainement privé
serait amené à payer un loyer à la communauté pour pouvoir exploiter les
installations et en tirer un revenu.
Délégation de service public :
contrat par lequel une collectivité territoriale ou un établissement public de coopération
intercommunale (EPCI) peut confier la gestion d’un service public à un
organisme privé ou public qui doit en tirer un revenu.
Conclusion :
Le secteur de Mirande avait un besoin d’un équipement que le
complexe aqualudique satisfait. Il permet par ailleurs, de compléter l’offre
dans le domaine touristique. Par la multitude des acteurs qu’il implique et par
la variété de sa fréquentation, le complexe s’inscrit dans un cadre qui s’étend
largement au-delà du local. Ainsi, il se situe sur une commune mais il relève
de l’intercommunalité. Son financement a mobilisé les collectivités et les
instances décisionnaires jusqu’au niveau européen. Enfin, des flux touristiques
ou de loisirs plus ou moins étendus expliquent sa fréquentation. Les enjeux de
l’aménagement de Ludina s’inscrivent donc dans un emboîtement d’échelle, de
l’échelle locale à l’échelle européenne.
Auteur : Nérée Manuel
Bibliographie :
Ludina
exaspère, Sud Ouest, 24 février 2011.
Eléments
d’orientation du débat budgétaire 2007, Communauté de communes Cœur d’Astarac.
Dernière mise à jour : 09-11