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1ES
Titre : Les territoires de la région Occitanie Pyrénées
Méditerranée en France, en Europe et dans monde.
Avec 72 724 km², la nouvelle région est
la deuxième plus vaste depuis le nouveau découpage. Depuis janvier 2016, elle regroupe
Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. En juin 2016, les habitants de la région
lui ont choisi le nom d'Occitanie.
Mais les responsables régionaux ont souhaité associer à ce terme les mentions Pyrénées Méditerranée. Il faut dire
qu'il y a enjeu. Le nom n'est pas seulement un marqueur d'identité. Il doit
fédérer et porter l'image du territoire à l'extérieur.
On
peut donc se demander si la nouvelle région est cohérente d'un point de vue
territorial. On peut également se demander comment les territoires de la région
Occitanie s'intègrent dans le contexte national, européen et international.
I La cohérence
du territoire de la région Occitanie ......
a) .....dépend de
facteurs structurants
La
nouvelle région Occitanie est marquée au sud par la chaîne des Pyrénées longtemps considérée comme une "frontière naturelle" avec la
péninsule ibérique. Au nord s'étendent les contreforts
du Massif Central, plus ancien, plus érodé mais présentant également des contraintes. A l'est, la région s'ouvre
par une plaine littorale sur la Méditerranée. A l'ouest, s'étend le
prolongement du bassin Aquitain fait de plaines, de collines et drainé par le réseau hydrographique d'une
Garonne tournée vers l'Atlantique. Entre les deux, le seuil de Naurouze marque la ligne de partage des eaux. Ce
passage fut un enjeu pour l'aménagement par Paul Riquet du Canal du Midi entre
Toulouse et Sète. Il s'agissait de profiter de la situation sur ce qu'il est commun d'appeler l'"Isthme de Strabon" entre l'océan
et la mer Méditerranée. Ce rappel est nécessaire car il marque, aujourd'hui
encore, l'organisation du territoire de la nouvelle région Occitanie.
Frontière naturelle : idée commune pendant longtemps selon laquelle les éléments naturels
devaient constituer automatiquement la limite séparant la souveraineté de deux
Etats.
Situation :
position d'un territoire, d'une ville ou d'un port par rapport à sa région, son
environnement.
b) En regroupant d'
anciennes divisions administratives, ...
La
RO est issue du regroupement de deux régions Midi-Pyrénées et
Languedoc-Roussillon créées dans le cadre de la politique de décentralisation à partir de 1982.
Cependant la nouvelle région recouvre en grande partie d'anciennes divisions
territoriales : les provinces d'ancien régime du Roussillon et du Languedoc.
Le parlement de cette dernière se trouvait à Toulouse et la cour des comptes à
Montpellier. Il y a plus longtemps encore Narbonne était la capitale d'une
région Romaine qui s'étendait de l'ouest de Toulouse à la Provence : la Septimanie. La nouvelle région
Occitanie s'inscrit dans un héritage historique et culturel dont elle doit
tenir compte pour faire émerger ou ré-émerger une identité régionale sous peine de devoir faire avec des tentations séparatistes notamment en
territoire Catalan.
Entre Opoul-Périllos et Rivesaltes
Décentralisation
: transferts de compétences et de moyens de l'Etat vers les collectivités territoriales
c) ...elle doit associer
territoires à vocations multiples et différenciées ...
L'agriculture occupe la moitié du
territoire de la nouvelle région. On
peut distinguer deux espaces agricoles productifs autour de la Garonne et de la
Méditerranée. Dans le bassin de la Garonne dominent les grandes cultures. La plaine du Languedoc est le territoire de la vigne. En montagne dominent différents
types d'élevages. Certains secteurs
sont marqués par la déprise agricole.
Dans les campagnes en général, les emplois
productifs surtout agricoles cèdent progressivement la place aux emplois
liés à l'économie présentielle. Cela
concerne en particulier les zones de montagne et le littoral. Là l'économie présentielle est dominante.
Les stations balnéairesl et les stations de sport d'hiver confortent cette
offre d'emplois liés en partie au tourisme.
L'économie est plus productive
autour de Toulouse en relation avec le développement de l'industrie aéronautique et les nouvelles
technologies. Cela n'empêche pas Montpellier d'être un pôle majeur de
l'industrie et de la recherche pharmaceutique(Sanofi-Aventis,
CNRS).
Il existe par ailleurs des pôles
industriels secondaires plus ou moins dynamiques. Tarbes avec Alstom et Socata. Autour de
Figeac et de l'entreprise Ratier, s'est développée ce qu'on appelle la Mecanic valley.
Déprise agricole : réduction marquée de l’activité agricole se manifestant
souvent par un dépeuplement, un recul de la superficie utilisée par les
exploitations agricoles, par une progression des friches et de la forêt.
Economie présentielle : économie destinée à satisfaire les populations
résidentes et touristiques du territoire. On parle aussi d'activités
productives.
Economie productive : économie destinée à produire des biens consommés
majoritairement en dehors du territoire ou des services destinés aux
entreprises du territoire. On parle aussi d'activités productives
d) .. faire avec un
peuplement inégal et des systèmes urbains distincts..
Si
la densité moyenne dans la région est inférieure à 100 hab./km2, ce qui est
peu, le peuplement de la région
Occitanie est très inégal. On trouve
des espaces très peu peuplés et des concentrations de population autour de deux
ensembles urbains distincts : la métropole
toulousaine et ses satellites à l’ouest et la conurbation languedocienne, de Nîmes à en passant par Narbonne et
Perpignan. A l'ouest, le système urbain est monocentrique dominé par la capitale régionale. On parle à ce sujet
de macrocéphalie toulousaine. Avec 1.3 millions d'habitants, l'aire urbaine
de Toulouse est la quatrième de France. Elle est composée de 453 communes et s'étend
sur 5100 km2. A l'est, les villes
proches les unes des autres de tailles comparables, forme un chapelet dont se distingue l'agglomération montpelliéraine. Dans
ce cas le système urbain est polycentrique et linéaire. L'aire urbaine de
Montpellier rassemble 570000 habitants.
Aires urbaines ou aire métropolitaine : ensemble constitué par un pôle urbain et sa
couronne périurbaine. C’est donc le pôle urbain, et les communes péri-urbaines
dont au moins 40% des actifs vont travailler dans le pôle urbain. (schéma)
Macrocéphalie :
domination exercée par une métropole sur son système urbain compte tenu des
fonctions et de la population qu'elle concentre.
Conurbation :
vaste ensemble urbain composé de plusieurs agglomérations dont les banlieues
finissent par se rejoindre.
e) Le maillage des voies
de communication est le reflet des disparités du territoire de la nouvelle
région
Le
réseaux des voies de communication
est le reflet de l'organisation distincte de ces deux systèmes urbains. Autour
de Toulouse, le réseau de voies de communication forme une étoile centrée sur la ville rose. A l'est, l'axe majeur relie les principales agglomérations. La direction
prise autrefois par le canal du Midi
devenu aujourd'hui attraction touristique est reprise par l'autoroute A61,
l'ancienne nationale 113 et la ligne ferroviaire intercité qui servent de traits d'union entre les deux parties
de la région. Ailleurs, le réseau terrestre de voies de communication présente
des insuffisances. Le repli du réseau ferroviaire n'est pas nouveau comme en
témoigne la destinée de la ligne Albi-Castres devenue piste cyclable ou encore
l'axe Auch-Tarbes. Mais la décision de la SNCF de mettre fin à certains arrêts
en gare ou le projet de supprimer certains trains de nuit confirme le sentiment
que, dans un souci de rentabilité, la gestion des lignes se fait au détriment des pôles secondaires ou
mineurs qui se retrouvent en situation d'effet-tunnel.
Les grands projets de ferroutage ne
semblent plus d'actualité.
En
ce qui concerne la route, le réseau présente encore des insuffisances dans les
territoires les plus périphériques marqués par un enclavement relatif lié à la durée des trajets. Cependant, des
efforts d'équipement sont faits pour la route : triplement partiel des voies
sur l'A61, prolongement de la deux fois deux voies entre Albi et Rodez avec
réalisation du Viaduc du Viaur, mise en deux fois deux voies de la nationale
entre Auch et Toulouse dans la continuité des travaux de l'Itinéraire Grand
Gabarit, etc . Ces axes routiers donnent malgré tout des signes de saturation.
Les choses risquent de ne pas s'arranger avec développement du fret routier et
du transport de passagers par "bus-Macron". Il faut dire que les flux
de la région sont aussi pour beaucoup (80% autour de Toulouse) des flux de transit.
Flux de transit
: flux ne faisant que traverser le territoire.
Effets-tunnels : situation observée dans des territoires traversés où longés par de grands axes
de communication sans être desservis pour autant.
Ferroutage :
transport combinant le transport ferroviaire et le transport routier.
Enclavement :
situation d'un territoire situé à l'écart des grands axes de communication.
II La place de la région Occitanie dans le contexte
national, européen et mondial (concurrence, intégration et coopération)
a)...dépend des moyens d'intégration dans les réseaux
de communication,
Indéniablement,
la nouvelle région est reliée au reste
du territoire national ou encore à l'Europe et au reste du monde. L’aéroport
de Toulouse Blagnac concentre 70 % de la fréquentation régionale. C'est le 4ème
aéroport de province. Montpellier, est second aéroport de la région avec 14 % des usagers de la
région mais il connaît une hausse de trafic. On trouve sur le littoral
méditerranéen trois ports : Sète, Port La-Nouvelle et Port-Vendres. Mais ce sont des ports de second plan en
matière de fret et de transport de passagers. En ce qui concerne le train, le
TGV parcours les axes entre Toulouse-Montpellier et Perpignan mais a vitesse
limité car le réseau n'est pas encore adapté pour la grande vitesse. Toulouse
est encore, pour l'instant à plus de cinq heures de Paris. A ce jour, la région Occitanie reste un angle mort dans la France de la grande
vitesse. Sur le plan du transport routier, l'A62 et l'A61 jouent le rôle d'"Autoroutes des deux mers"
reliant Narbonne à Bordeaux . Vers l'Espagne, les ouvertures sont constituées
par le Perthus ou les tunnels d'Aragnouet-Bielsa et du Puymorens. Mais ces
passages à travers les Pyrénées ne suffisent pas et sont souvent saturés.
Les
infrastructures présentent donc un certain nombre d'insuffisances. Des projets
sont envisagés pour les surmonter.
En
qui concerne le train, les lacunes doivent être comblées à l'horizon 2025-2030 par
la réalisation des LGV
Bordeaux-Toulouse, Toulouse Narbonne et Montpellier-Perpignan. L'implantation
des futures gares sur ces lignes fait débat. C'est le cas de la future gare de
Narbonne, située en réalité à l'extérieur de la ville, à Montredon-Corbières,
dans une zones soumise à un PPR
Inondations. Par ailleurs, le sénat
s'est récemment prononcé contre la création de nouvelles lignes dans la
région Occitanie compte tenu du coût qu'elles représentent. Il y a dix ans la traversée centrale des Pyrénées était
considérée comme une priorité de l'Union européenne. Le dossier est
actuellement au point mort. Le projet du deuxième aéroport toulousain est
désormais enterré. L'aéroport de Blagnac
a été cédé à des investisseurs chinois. Ces derniers ont un plan de développement du transport aérien qui
ne convient pas à de nombreux riverains toulousains.
Fret : transport de
marchandises
b)
...de son poids économique et politique,
Face
au discours du site officiel de la nouvelle région, il convient de relativiser la situation économique de la nouvelle
région. Son poids économique n'est pas exceptionnel. En 2012 (chiffre
disponible en 2015) , le produit intérieur brut (PIB) par habitant de l'
actuelle région s’élevait à 26 600euros contre 27 700 en moyenne dans les
régions hors Île-de-France. Ce chiffre s'explique en partie par une productivité relativement faible, une
part des actifs en âge de travailler limitéebet un manque d'emplois.
Aujourd'hui encore, la région Occitanie est la deuxième région la plus touchée par le chômage en France
métropolitaine, derrière la
région Hauts de France. La comparaison aux autres régions européennes n'est pas
non plus à son avantage sur le plan du poids économique. Cela s'observe
également à l'étude des budgets des
différentes régions Européennes. Il s'élève à 2.9 milliards d'euros en 2016
pour la région Occitanie contre 61,4 milliards pour la Rhénanie du Nord
Westphalie ou 23.3 milliards pour la Catalogne. Il faut dire que les
compétences de la Généralité de Catalogne ou du Land allemand sont plus
étendues. Les landër allemands dans
une logique fédérale, ont un pouvoir
législatif.
Chaque budget reflète les compétences attribuées à chaque région. Les régions
françaises n’ont pas, comme leurs grandes voisines, la charge de toute
l’éducation, voire l’enseignement supérieur, la santé ou l’aide sociale.
L'Union européenne les encourage, cependant à travailler ensemble comme le
confirme l'eurorégion Pyrénées
Méditerranée. Le déséquilibre se confirme à l'étude des métropoles. Selon la
DATAR, à l'étude des services fournis aux entreprises, Toulouse est une métropole intermédiaire de rang 4 loin
d'atteindre le niveau de Barcelone, métropole
européenne de rang 3. Montpellier est considérée comme une métropole de
rang 5. La région est d'ailleurs désormais dans
l'aire d'influence de la capitale catalane.
Productivité :
rapport entre une production et les moyens nécessaires pour la réaliser.
c)
...et de son attractivité.
La
région attire de la population. Entre
2007 et 2012 (dernières données disponibles en 2015), la population de Midi-Pyrénées et du Languedoc Roussillon
réunis a augmenté de 50000 habitants
chaque année en moyenne. Cette augmentation s'explique pour quatre cinquièmes par un solde migratoire largement positif. La
région est attractive pour les actifs, les retraités et les étudiants. Pour ces
derniers cela la s'explique par la présence de deux pôles universitaires
anciens et importants, Toulouse et Montpellier . Seuls les tout jeunes actifs
ou les jeunes qui prolongent leurs études sont plus nombreux à quitter la région
qu'à s'y installer. La région est également attractive pour des résidents et des actifs étrangers.
La
région attire également de nombreux touristes. C'est d'ailleurs la quatrième région touristique française
avec des recettes touristiques qui s'élèvent à 13 milliards d'euros. Elle met
d'ailleurs en avant ses grands sites.
La
région Occitanie attire également les investisseurs étrangers. Elle est la cinquième région française pour l'accueil
d'IDE.
Solde migratoire : différence entre
les entrées et les sorties sur le territoire.
IDE : investissements directs à l'étranger.
d)
Car elle a des atouts et des perspectives de développement.
La
région est, en effet, la première pour l'effort en matière de Rechercher et
Développement. Cela concerne en particulier le domaine de l'aérospatiale et de
la chimie-pharmacie. La région est aussi la deuxième pour le nombre
d'entreprises de jeux vidéos. Elles sont, en effet, 87 dont Ubisoft Montpellier
, Wild Sheep Studio ou Digixart. Elles occupent 600 personnes. L'Etat et les
collectivités territoriales cherchent à accompagner ce mouvement en créant
notamment des pôles de compétitivités
. La région en compte 15 (Aerospace Valley, Agri Sud-Ouest Innovation, Cancer
Bio-Santé, Derbi, Eau, Elopsys, Eurobiomed, Mer Méditerranée, Optitech, Pôle
Européen de la Céramique, Qualiméditerranée, Risques, Terralia, Trimatec, Via
Méca). Aerospace Valley est même un pôle
de compétitivité à vocation mondiale. Cela renforce la compétitivité du
territoire dans le contexte international.
Recherche et
développement
: recherche destinée à avoir des applications rapides dans le domaine de
l'industrie.
Pôles de compétitivité : Un pôle de
compétitivité est sur un territoire donné, l’association d’entreprises, de
centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche
partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des
synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou
de) marché(s) donné(s)
Conclusion : La nouvelle région Occitanie est cohérente dans
l'ensemble d'un point de vue culturel. L'importance de l'agriculture et de
l'économie présentielle s'observe sur l'ensemble du territoire. On observe
cependant des inégalités dans la répartition de la population et des
différences dans l'organisation du
territoire. Il s'agit désormais de faire fonctionner ensemble des territoires
qui pendant longtemps se sont développés selon des axes différents. Cela passe
par l'amélioration des infrastructures de transport notamment. Ces aménagements
sont également nécessaire pour améliorer l'intégration des territoires de la
région Occitanie dans un contexte national et européen. Sa situation est pour
l'instant périphérique Il s'agit, pour
l'avenir, de développer les atouts de la région
pour qu'elle prenne plus de place dans le contexte très concurrentiel de
la mondialisation.
Auteur :
Nérée Manuel
Bibliographie :
BRENNETOT A. , DE RUFFRAY
S. de Ruffray, Une nouvelle carte des régions françaises, Géoconfluence, 09/2015
BALLET B., NOZIERES B., RABIER R.,
Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Le grand sud attractif, Insee Analyses,
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Occitanie , le journal n°3,
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DEFARGE-LACROIX P, Le transport régional accompagne la reprise,
INSEE Conjoncture Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées n°3- Bilan économique
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AGRI'SCOPIE 2016, Languedoc-Roussillon,
Agricultures et territoires, CERFRANCE, 2016
GITUS S., Trains régionaux : géographie d'une crise, Le
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Dernière mise à jour : 10/16