Séries : 1L, 1ES, 1S

 

Titre : Le combat de la résistance, face au régime de Vichy et à l’occupant, l’affirmation de la République

 

La résistance désigne l’ensemble de ceux qui se sont opposés à l’occupant allemand, au régime de Vichy et à leurs auxiliaires collaborateurs. Le régime de Vichy est le régime établi par le Maréchal Pétain au lendemain de la débâcle de la Bataille de France.

 

Problématique : Face au régime de Vichy et à l’ennemi comment se constitue et se bat la résistance ? Existe-il une ou des résistances ? Quelles sont les motivations des résistants ? A la fin de la guerre réaffirment-ils les valeurs de la république ? Sous quelle forme ?

 

I Au régime de Vichy qui  nie les valeurs de la République ….

a) La fin de la troisième république

Après la débâcle de la bataille de France, Paul Reynaud, président du conseil et une partie de son gouvernement sont partisans d’une poursuite des combats. Pétain, vice -président du conseil, considère qu’il est inutile de poursuivre la guerre, qu’il faut sauver l’essentiel. Reynaud démissionne et le 17 juin, Pétain annonce la demande de l'armistice. Le 10 juillet 1940, la Chambre des députés et le Sénat réunis en Assemblée nationale à Vichy votent les pleins pouvoirs au maréchal Philippe Pétain. (Sur 649 votants, 569 votent pour, 80 contre, et 20 s’abstiennent) Parmi, les parlementaires, il y a des absents - 70 communistes privés de leurs siège par Daladier en janvier 40 et 27 parlementaires embarqués sur le Massilia pour transférer le gouvernement en Afrique du Nord).

 

b) la nature du nouveau régime.

Doté des pleins pouvoirs Pétain fait établir par le juriste d’extrême droite Raphaël Alibert des actes constitutionnels qui définissent le nouveau régime (11 juillet 1940). Pétain, chef de l’Etat et du Gouvernement, contrôle l’essentiel des trois pouvoirs. Il n’est plus question de régime représentatif puisque la chambre des députés et le sénat, maintenus en théorie, sont finalement remplacés par une assemblée législative formée de notables, d’artistes, de savants, d’ecclésiastiques de dirigeants de coopératives agricoles : le Conseil national. L’opposition ne peut s’exprimer puisque les partis traditionnels et syndicats sont interdits. Le pouvoir prend un caractère héréditaire puisqu’il est prévu que Laval devienne le successeur de Pétain. Les actes constitutionnels mettent donc en place une dictature personnelle. Il n'est plus question de république française mais d’Etat français.

 

c) Les valeurs de l'état Français : la révolution nationale

La révolution nationale n'est pas une doctrine cohérente mais un ensemble composite d'idées réactionnaires, conservatrices, nationalistes et antisémites. La devise Travail-Famille-Patrie  remplace la devise républicaine. Dans le domaine économique, la préférence est accordée à l'artisanat, au travail de la terre (" La terre ne ment pas "), à la paysannerie. Les professions sont organisées en corporations.

La famille est valorisée, l'idéal est celui de la femme au foyer. Les familles nombreuses sont honorées et bénéficient d’avantages. Le divorce est rendu plus difficile. C’est un régime xénophobe et antisémite où la nation n'est plus l'expression d'une volonté commune de vivre ensemble mais un lien qui rattache tout individu à un sol et une race. Les individus ou les groupes qui, pour des raisons de race ou de convictions, ne sont pas conformes à cette conception de la nation en sont exclus ne peuvent souscrire à cette conception de la patrie. Les étrangers sont internés dans des camps de concentration. La nationalité française est retirée à ceux qui ne l'ont que depuis 1927. Des étrangers sont emprisonnés dans des camps d'internement. L’antisémitisme du régime se manifeste bien avant que les allemands fassent pression. En octobre 40 est adopté le statut des juifs qui les exclut de toutes les fonctions leur permettant d'exercer une autorité et de l'influence. Il est aggravé par la loi du 2 juin 1941 qui étend la définition du statut de juif et oblige cette population à un recensement.  

Le régime de Vichy présente donc certains traits d’un régime totalitaire. Une dictature est établie. Il y a une volonté de transformation profonde  de la société. Mais le caractère réactionnaire de la révolution nationale, le maintien d’influences contradictoires dans la société civile et l’attitude majoritairement attentiste des français pendant la guerre rendent difficile l’assimilation totale du régime de Vichy à un régime totalitaire. C’est cependant avec certitude un régime autoritaire traditionnaliste, xénophobe et antisémite.

 

II ….s’oppose une résistance plurielle.

a)     Les résistants sont peu nombreux mais leurs origines sont variées.

Les français qui s’engagent dans la résistance sont minoritaires. Ils sont selon les estimations entre 200 000 et 300 000. Ils sont d’origines très variées. Dès l’été 1940, des jeunes de Guadeloupe et de Martinique, décident de rejoindre De Gaulle et les alliés en gagnant les îles britanniques voisines. Ce sont les dissidents. En métropole, à l’automne 1940, le «11 novembre » donne à des jeunes l’occasion de manifester  leur hostilité à l’occupant et dans certains au régime de Vichy. Des femmes intègrent également les mouvements de résistance.  Elles y jouent un rôle important. Elles ne sont pas uniquement des agents de liaison (voir dernière leçon).  Des immigrés de toutes nationalités (juifs étrangers, Italiens anti-fascistes, Allemands anti-nazis et espagnols républicains réfugiés en France) participent aux combats notamment dans des organisations comme la  Main d'Œuvre Immigrée (MOI) ou l’Armée Juive (AJ) (voir le travail d’Aurélie, Guillaume et Léa). Les motivations idéologiques des combattants sont aussi diverses. Si à l’extrême-droite, certains font le choix du régime de Vichy et de la collaboration au nom de l’ordre, du rejet des juifs, des communistes et des francs-maçons. D’autres font le choix de la résistance au nom de la souveraineté et du rejet de l’occupant. C’est le cas du royaliste Henry D’Astier de la Vigerie, compagnon de la libération. Longtemps gênés par le pacte germano-soviétique et la clandestinité qui leur est imposée par Vichy, les communistes s’engagent pleinement dans la résistance en 41 après le lancement de l’opération Barbarossa. En 1942, à l’arrivée des allemands en zone sud, des régimenst de l’armée régulière sont démobilisés. Certains militaires rejoignent alors le maquis. C’est le cas des hommes du « 2ème Dragon » installé à Auch.  En février 1943, le régime de Vichy établit le Service du Travail Obligatoire (STO). De nombreux jeunes le refusent et gonflent les effectifs des maquis en entrant dans la clandestinité.

 

b)     ….et leur combat évolue.

 

Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance un appel à la résistance. Il fonde à Londres la "France Libre" dont l'objectif est de libérer la France en organisant la résistance. Ce mouvement est doté d'une armée de 7000 combattants: les Forces Françaises Libres (FFL). En France, les premiers mouvements de résistance apparaissent à partir de l'automne 1940 (Combat, Libération, Franc-Tireur dans la zone sud; Organisation Civile et Militaire, Libération-Nord, Ceux de la Résistance, Ceux de la Libération dans la zone nord). Jusqu’en 1941, pour l’essentiel, les premiers résistants manifestent, distribuent des tracts et des journaux et renseignent les Alliés. Il s’agit d’une résistance active même si elle n’est pas armée.

 

A partir du printemps 1941, la résistance se renforce. Les mouvements se multiplient, notamment avec l'engagement du Parti Communiste dans la Résistance après l'attaque de l'URSS par l'Allemagne en juin 1941.Naissent alors des organisations proches des communistes comme Front National et Francs Tireurs et Partisans. Les premiers attentats et actes de sabotages apparaissent. Ainsi le 21 Août 1941, le responsable communiste Georges Fabien abat un soldat Allemand. On peut parler dans ces cas là de résistance armée.

 

En 1942, s’amorce un processus de convergence des mouvements de résistance. En juillet 42, l’autorité de De Gaulle, chef de la résistance extérieure est reconnue par l’ensemble des mouvements de la résistance intérieure. La "France Libre" devient alors la "France Combattante". Le 26 janvier 1943, les principaux mouvements de la zone sud fusionnent et forment le MUR. Le 15 mai 1943, Jean Moulin fonde le CNR qui représente la résistance intérieure.

MUR : Mouvements Unis de la Résistance.

CNR : Conseil National de la Résistance qui réunit des mouvements de résistance, de Partis et de Syndicats.

Maquis: Lieu où se regroupaient les résistants pour se cacher et préparer leurs opérations.

 

La résistance prend une autre dimension avec le débarquement le 6 juin 1944. Pour préparer la libération, on réunit les forces armées clandestines dans les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI). La résistance prépare le débarquement par des sabotages. Après le 6 juin, le rôle de la résistance est de ralentir les mouvements des troupes allemandes en poursuivant les sabotages et en multipliant les actes de guérilla. Les FFL débarquent aux cotés des Alliés et contribuent à la libération. Dès juin 44 est créé le, le GPRF dont le général de Gaulle est le chef. Il devient le gouvernement légal de la France fin août 44.

GPRF: Gouvernement provisoire de la République française

 

III Cette dernière l’emporte et souhaite la restauration d’un modèle républicain  …..

a)     … politique, 

Le programme du CNR souhaite la mise en place d’un Gouvernement provisoire de la République Française afin de rétablir la démocratie. Il demande la restauration du suffrage universel, la garantie des libertés fondamentales, l’établissement de l’égalité des droits. Au sortir de la guerre, c’est effectivement une république démocratique qui se met en place. En 1944, les femmes obtiennent le droit de vote et l’utilisent pour la première fois en 1945. Le suffrage est donc véritablement universel. A la suite d’un référendum, une assemblée constituante est établie. Elle rédige la constitution de la 4ème république adoptée en 1946 par référendum par les français. Il s’agit d’un régime parlementaire l'Assemblée nationale (députés élus pour 5 ans) détient le pouvoir législatif. Elle seule vote les lois Elle contrôle aussi le pouvoir exécutif puisqu'elle investit et peut renverser le gouvernement grâce à une motion de censure.

 

Régime parlementaire : régime où le parlement contrôle l’activité du gouvernement et peut le renverser.

Assemblée constituante : assemblée élue et rassemblée dans des circonstances exceptionnelles. Elle a pour fonction de rédiger une constitution.

Motion de censure : proposition déposée par un groupe de députés pour manifester leur opposition au gouvernement. Si la motion est votée par la majorité des députés, le gouvernement est renversé.
Investiture : système de nomination du chef de gouvernement sous la 4ème République. Le président du conseil se présente devant l'Assemblée Nationale et lui demande de lui accorder sa confiance. Si la majorité des députés la lui accorde, il est investi. Il s'agit donc d'un régime d'assemblée puisque ce régime est fondé sur le contrôle de permanent du gouvernement par une assemblée élue au suffrage universel.

 

b)     …, économique et social.

En 1944, le programme du CNR créé par Jean Moulin en 1943, envisage la mise en place d’un modèle reposant  sur les principes de solidarité et d’égalité. Il demande des nationalisations dans le secteur de l’énergie et de la finance. Il appelle de ses vœux la mise en place d’une retraite par répartition et la création de la sécurité sociale.

Au sortir de la guerre se met en place un véritable Etat-providence, conforme aux souhaits du CNR. Ainsi, le préambule de la constitution de 1946 (repris au début de la constitution de 58) affirme le droit au travail, à la protection de la santé, à l’éducation afin d’établir une République sociale.  Par ailleurs, des entreprises dans des secteurs comme la banque (1945-société générale-Crédit Lyonnais); et l’énergie (EDF, GDF, Charbonnages de France) sont nationalisées. L’entreprise Renault est nationalisée pour fait de collaboration. En 1945, la Sécurité Sociale est créée.  

 

CNR : Conseil national de la résistance, organisme voulu par DE GAULLE crée en mai 1943 par Jean MOULIN et représentatif de la plupart des tendances de la résistance.

Etat-providence : état qui tout en maintenant le principe d’une économie de marché, garantit un haut niveau de protection sociale et s’autorise des interventions dans le domaine économique.

Nationalisation : décision de faire d’une entreprise privée une entreprise de la nation.

 

Conclusion : Confrontés à un régime de vichy qui nie les principes démocratiques, les résistants ne se mobilisent pas tous pour les mêmes motifs. Cette résistance prend d’ailleurs des formes différentes et évolue au cours de la guerre. Elle finit par se fédérer vers 1943, pour participer avec les alliés à la libération. Sur la fin de la guerre, elle établit un programme qui souhaite la mise en place d’une République démocratique et sociale. Ce programme est grandement réalisé avec les mesures adoptées par le GPRF et la 4ème République.

 

Auteur : Nérée Manuel

Bibliographie :

LABEDAN Guy, Lieux de mémoire de la Deuxième Guerre Mondiale dans le Gers, Gascogne Insolite, Chambre d’agriculture du Gers.

CUBERO J. La résistance à Toulouse et dans la région, Edtions Sud-Ouest, 2005

 

Dernière mise à jour : 06-12

 

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