1870-1875 : l’instauration difficile de la République et de la démocratie parlementaire

Le 2 septembre, 1870, la France est vaincue à Sedan. Napoléon III est fait prisonnier. C’en est fini du second empire. Le 4 septembre, la République est proclamée mais celle-ci ne sera véritablement établie qu’avec les actes constitutionnels de 1875. Entre temps, le contexte de guerre et les profondes divisions politiques de la France donnent lieu à une expérience originale : la Commune.

Quelles sont les origines et les caractéristiques de cette expérience originale ? Comment peut-on qualifier ce mouvement ? S’agit-il d’un mouvement révolutionnaire ? Comment expliquer la fin rapide de cette tentative ? Quels sont les compromis qui suivent cette tentative révolutionnaires ?

I Les origines de la Commune

a)     Les facteurs externes.

Les prussiens débutent le siège de Paris le 19 septembre 1870.  Ils encerclent Paris  sur un front continu de 83 km. Le 5 janvier débute le bombardement de la ville et le siège ne prend fin que le 28 janvier 1871. La population Parisienne est alors épuisée. Elle manque de ravitaillement et de combustible. On mange les chevaux et les rats. Jules Ferry est alors surnommé  « Ferry la famine ».  Dans ce contexte donc un certain nombre de Parisiens et de Parisiennes décident de ne pas se résigner et d’assurer la défense de la ville. La Commune s’apparente donc dans ces conditions à un mouvement patriotique face à l’agression prussienne.

b)     Les origines internes.

L’Assemblée nationale composée majoritairement de monarchistes et  le gouvernement d’Adolphe Thiers est le « chef du pouvoir exécutif  de la République française » s’installent maladroitement à Versailles.  Les Versaillais signent avec les prussiens, le 28 janvier 1871, l’armistice. Des décisions des « Versaillais » sont mal acceptées par les parisiens. La solde de la Garde Nationale est supprimée. C’était pourtant le seul revenu de certains parisiens (artisans, ouvriers employés) dans ce contexte agité. Comble des provocations, l’Assemblé Nationale décide de retirer à la Garde Nationale, les 200 canons payés par les Parisiens. C’est l’insurrection. Deux généraux Versaillais venus récupérer les canons, Lecomte et Thomas, sont tués.

Garde Nationale : Milice de volontaires recrutés dans la population civile.

Versaillais : Gouvernement de Thiers, ses partisans et ses troupes. Il s’agit souvent de conservateurs, de monarchistes et de ruraux.

II L’expérience politique de la Commune.

Le 26 mars 1871, 229167 votants sur 485569 électeurs à Paris, désignent un comité communal. Le 28 mars ; est proclamée la Commune.

a)     Un système politique original.

La déclaration du 19 avril 1871 établit une république et une démocratie, plus exactement une démocratie directe. Les principales libertés sont garanties. La Commune fonctionne également dans une logique fédéraliste puisqu’elle veut associer des unités autonomes (communes, quartiers, coopératives ouvrières, bataillons militaires). Chacune de ces unités envoie des représentants dans une assemblée de coordination. On constate que la déclaration du 19 avril rédigée entre autres par Pierre Denis, est largement inspirée par les thèses de Proudhon.  On repère également dans le vocabulaire utilisé une certaine influence marxiste.

Cependant, il convient de constater que pendant le court épisode de la commune, il n’y a pas eu de véritable remise en cause de la propriété. En outre, les différentes influences que l’on a pu repérer sont le reflet des divisions entre marxistes, anarchistes et républicains radicaux qui affectent la Commune.

b)     Les principales mesures de la Commune.

La Commune adopte un certain nombre de mesures révolutionnaires : le drapeau rouge, la séparation de l’église et de l’Etat, la laïcisation  des écoles religieuses, l’école gratuite et obligatoire, la reconnaissance du concubinage et l’émancipation des femmes. Cette œuvre progressiste est cependant inachevée. La durée de la journée de travail est maintenue. Les entreprises privées ne sont pas nationalisées.  Enfin, les Communards ne prennent pas le contrôle de la Banque de France.

III La fin rapide de la Commune.

a)     Les causes internes.

La Commune est d’abord faible et isolée. Les Gardes Nationaux ne sont que 30000. Même si d’autres villes de France comme Marseille, Lyon, Narbonne, Toulouse, Saint-Etienne et Limoges s’organisent en Communes, elles échouent rapidement. On constate d’ailleurs que la commune est avant tout un phénomène urbain. Or la population française de l’époque est majoritairement rurale. Cette dernière soutient plutôt les Versaillais.

b)     Les causes externes.

Les troupes versaillaises représentent, elles, 130000 personnes. Les prussiens ont, en effet, accepté la libération de 60000 soldats. La Commune est donc confrontée à deux adversaires : les Versaillais et le Prussiens.

c)     La guerre civile.

Le 21 mai 1871, les Versaillais se lancent donc à l’assaut de la Commune de Paris. C’est le début de la « Semaine Sanglante » qui ne s’est achevée que le 28 mai 1871. 20000 Communards furent exécutés (cf  Mur de fédérés au Cimetière du Père Lachaise)  et on dénombra  au total dans leurs rangs entre 30000 et 35000 morts. Les Communards ont également commis des exactions. Ils ont par exemple, exécuté 80 otages dont l’archevêque de Paris Darbois. Pour ralentir les Versaillais, les Communards ont allumé des incendies. Les Versaillais accusaient d’ailleurs les femmes qu’ils faisaient prisonnières d’être des « pétroleuses ». Au total, près de 38000 Communards furent faits prisonniers. Des milliers d’entre eux furent déportés. L’armée régulière comptabilisa 1200 morts dans ses rangs.

Le compte rendu du procès de Louise Michel par Louise Michel elle-même.

IV la mise en place difficile de la IIIème République.

a) La mise en place discutée d'un régime parlementaire.

Les monarchistes ont laissé la jeune république réprimer l’épisode de la Commune. Ils entendent bien rétablir un régime conservateur. Ils remplacent d’ailleurs  Adolphe Thiers  en 1873 par un des leurs, Mac Mahon. Certains  espèrent bien rétablir la monarchie. Mais les monarchistes sont divisés entre légitimistes et orléanistes.  Le Comte de Chambord, prétendant au trône des légitimistes se révèle intransigeant. il refuse d’adopter le drapeau tricolore dans l’éventualité d’une restauration. Finalement en 1875, les lois constitutionnelles définissent la Troisième République. C’est une démocratie. Le suffrage est universel masculin. Les pouvoirs sont séparés. C’est également  un régime parlementaire, car depuis l’échec de la tentative de Mac-Mahon en 1877 face à Gambetta, le droit de dissolution ne sera plus utilisé par les présidents successifs. De plus la chambre des députés peut renverser le gouvernement.

Régime parlementaire :

1-régime représentatif où la souveraineté populaire s'exprime par l'intermédiaire de représentant dans un parlement, une assemblée.

2- régime où le parlement contrôle l' activité du gouvernement et peut le renverser.

Régime présidentiel : régime où le pouvoir exécutif du président est fort et ne  dépend pas du parlement.

Légitimistes : royalistes considérant que seul un descendant direct  des bourbons peut devenir roi.

Orléanistes : royalistes considérant que les successeurs de Louis-Philippe d’Orléans peuvent devenir roi.

b) ) La République reste cependant menacée …

Elle est menacée par l’extrême droite comme le révèle la crise Boulangiste (du nom du général ministre de la guerre poussé par ses partisans à prendre le pouvoir par la force en 1889.), l’affaire Dreyfus (affaire d’espionnage qui devient nationale à partir de 1898 et qui divise la France entre partisans de Dreyfus, les dreyfusards et ses adversaires  convaincus de sa culpabilité souvent par antisémitisme, les antidreyfusards) et la tentative de coup d’Etat de Déroulède en 1899. Mais l’extrême gauche aussi remet en cause le système républicain comme l’illustrent le dynamitage de la chambre des députés par Vaillant en 1893 et  l’assassinat du Président  Sadi-Carnot, en 1894 par l’anarchiste Caserio. Malgré tout, progressivement la très grande majorité des français adhère à la République et à ses valeurs  (voir leçon suivante) , les catholiques  (Cardinal Lavigerie) comme les ruraux soutiens traditionnels des conservateurs. La vie politique est alors dominée par quatre grandes familles politiques : les socialistes, les républicains modérés, la droite et le radicalisme.

Radicalisme : courant d’idée qui prône une politique de réformes en faveur de la laïcité, de la liberté et de l’égalité. Le parti radical est alors le plus important.

Conclusion : Entre 1870 et 1875,  la démocratie finit donc par s’imposer. Après une expérience révolutionnaire de république sociale, les conservateurs et les Républicains modérés finissent par construire une IIIème République qui peut être définie comme une démocratie parlementaire. Longtemps menacée, elle finit par être adoptée par la grande majorité des français.