Mars 68-juin 68 : quelle interprétation peut-on avoir de mai 68 en France ?

Comment interpréter les événements de mai 68 ?

En mai 68, la France est agitée par un mouvement d’une grande ampleur.

Comment interpréter les événements de mai 68 ?

 

I 22 mars-13 mai : d’abord une crise universitaire

a) Le contexte

National :

La crise correspond d’abord à l’arrivée en nombre de la génération du baby-boom dans des facultés mal préparées à l'accueillir. Le nombre d’étudiants et de lycéens a triplé en dix ans . Une partie du monde étudiant est alors parcourue par des idéologies d'extrême gauche qui contestent la société capitaliste. (trotskistes de la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), maoïstes de l'UJC-ML (Union des jeunesses communistes-Marxistes léninistes) et du Parti communiste marxiste léniniste français (PCMLF)).

International.

L’Allemagne de l'Ouest, l'Italie, les États-Unis, notamment, connaissent eux aussi des mouvements de contestation de la jeunesse. Il s'inscrit dans une crise internationale qui a pris naissance aux Etats-Unis : en septembre 1964, sur le campus de Berkeley, le Free Speech Movement lance la protestation contre la guerre du Viêt-nam.

b) Vers l’affrontement.

L'agitation estudiantine est animée par divers mouvements gauchistes et leurs leaders ( Cohn-Bendit, Jacques Sauvageot (UNEF) ). Des incidents éclatent en mars à la faculté de Nanterre. La multiplication des incidents à Nanterre conduit à la fermeture de l'université, le 2 mai. Des heurts entre étudiants et policiers à Paris déclenchent le mouvement. En quelques jours, les universités sont paralysées par la grève. Dans la nuit du 10 au 11 mai, une première « nuit des barricades » est l'occasion d'affrontements violents au Quartier latin.

II 13 mai-29 mai : une crise qui devient sociale.

a) La crise s’étend au monde du travail.

Pour protester contre la répression policière (500 arrestations), les syndicats organisent une journée de grève le 13 mai. La crise devient sociale, car les grèves se prolongent. En quelques jours, la plupart des entreprises françaises se mettent en grève et sont souvent occupées par leurs salariés. On compte 7 millions de grévistes déclarés (sans compter les salariés en chômage technique, ou bloqués par le manque de transports). Après une deuxième « nuit des barricades »le 24 mai, la crise sociale paralyse la France.

b) Les accords de Grenelle, une issue manquée.

Le Premier ministre, Georges Pompidou, négocie avec les syndicats et le patronat, mais les accords de Grenelle (27 mai 1968) qui prévoient des augmentations de salaires (SMIG augmenté de 35 %, salaires de 10 %, promesse de réduction de la durée hebdomadaire du temps de travail) n'enrayent pas le mouvement de grève. En effet, le jour même, la base ouvrière repousse ces accords et poursuit la grève. La crise semble totale et le régime est en danger.

c) L’union manquée.

Les étudiants de l'UNEF, avec le PSU et la CFDT, organisent un meeting au stade Charléty le 27 mai. 30 000 personnes y assistent, en présence de Pierre Mendès France (qui cependant ne prend pas la parole). Mais le PCF est très méfiant devant un mouvement qu'il ne contrôle pas. Enfin les partis de gauche ne parviennent pas à s’entendre. Les syndicats traditionnels se sentent débordés.

d) La contestation du modèle social.

La société de consommation est contestée. L'épanouissement de l'individu, son droit au bonheur sont exaltés. On s’oppose la rigidité des hiérarchies et à la discipline. Cela aboutit à une remise en cause du modèle autoritaire dans la famille, à l'école, dans l'entreprise, dans l'État, dans les Églises, dans toutes les organisations et structures sociales. C'est pourquoi les structures revendicatives anciennes, la gauche, les syndicats, sont en décalage avec ce mouvement nouveau.

III Une crise politique.

a) Une crise institutionnelle.

L'État semble incapable de maîtriser la situation. Le 29, De Gaulle « disparaît » durant quelques heures. On, apprendra par la suite que De Gaulle a rencontré à Baden-Baden le général Massu commandant en chef des armées françaises en Allemagne. Envisage-t-il de rétablir l’ordre par la force ? François Mitterrand déclare le même jour qu'il est prêt à assumer le pouvoir. La crise est devenue politique.

b) De Gaulle reprend la main.

A son retour le 30 mai, De Gaulle annonce à la radio qu'il dissout l'Assemblée. Le même jour, en fin d'après-midi, un impressionnant défilé rassemble ses partisans aux Champs-Élysées. L'opinion, d'abord plutôt favorable au mouvement de Mai s'inquiète d'une crise qui n'en finit pas. A l’occasion des élections législatives du 23 et 30 juin, l'Union pour la Défense de la République (UDR-parti gaulliste) - qui a remplacé UNR - obtient 294 sièges sur 487. C'est un triomphe pour la droite et, apparemment, les gaullistes sortent renforcés de l'épreuve.

Le mouvement contestataire ne s'achève pas en mai 68. En juin, les journalistes de l'ORTF poursuivent leur lutte pour exiger la liberter d'exercer leur métier. Au début des années 70, les revendications concernent le droit des femmes, la démilitarisation etc...

Conclusion :

Mai 68 est donc en même temps ou plutôt successivement une crise estudiantine, sociale et politique. La France n’est pas le seul pays à être agité en 68, mais c’est le seul où cette contestation multiforme débouche sur une crise politique d’une telle ampleur. Le mouvement de mai 68 échoue parce que l’union de ses acteurs n’est pas faite et parce que De Gaulle joue habillement de l’inquiétude des français. On peut se poser la question des conséquences de mai 68, de son héritage.