Séries : TES, TL
Titre : étude de cas : Le téléphone mobile et la
mondialisation
Le premier appel à l'aide d'un appareil
cellulaire est donné en 1973. Mais son usage se répand plus tardivement. Il a
fallu 15 ans pour qu’un quart de l’humanité soit équipé d’un téléphone
portable. Cette diffusion accompagne le processus de mondialisation. C'est à dire le processus par lequel les
différentes parties du monde sont mises en relation grâce à la multiplication
de flux de natures diverses.
Pb : quelle relation le
téléphone mobile entretient-il avec la
mondialisation ? En illustre-t-il certains aspects ? Participe-t-il à son
processus ? S'inscrit-il dans ses dynamiques ? Sa production et sa consommation
sont-elles également symptomatiques des limites de la mondialisation ?
I Le téléphone mobile
est le reflet ...
a)
....du développement des mobilités,
Le téléphone portable est associé au mode de
vie contemporain caractérisé par la mobilité.
De plus en plus "intelligent" et équipé, il permet, en principe,
d'exécuter des tâches de façon "nomade"
(courrier électronique, bureautique, information, etc). Les fonctions de GPS en font
également des outils de navigation.
Désormais, il y a dans le monde plus de 5 milliards d’utilisateurs de
téléphones mobiles en 2010. On compte 1.1 milliard d'abonnements à des
smartpones en 2012.
Mobilités : toutes formes de déplacement dans
l’espace. S. Mekdjian.
b)…et des flux de la mondialisation.
Avant
d’être assemblées, les pièces maîtresses des téléphones portables convergent du
monde entier. Le produit fini est ensuite exporté vers les zones de
commercialisation. Pour information, au moment du lancement des ses nouveaux iphone, Apple mobilise des avions-cargos. Dans un second
temps, l’entreprise californienne utilise le transport maritime bien moins
onéreux. Ces biens de consommation s’inscrivent
donc bien dans les flux de marchandises. Ils contribuent également aux flux
d'informations.
Bien de consommation :
produit
fabriqué destiné à la consommation finale des individus ou des ménages.
II Sa production
s'inscrit dans les dynamiques de la mondialisation.
a)
Les firmes transnationales...
Le marché est partagé entre un certain nombre
de firmes transnationales. Les plus
importantes sont Apple, Samsung et Nokia, Blackberry, Motorola, LG, HTC. Ces entreprises ont une
assise nationale mais produisent et vendent dans le monde entier. Pour exemple,
en 2013, la firme de Cupertino a dégagé un chiffre d'affaire de 170,9 milliards
de dollars grâce à ses activités réparties dans le monde entier. Car ces
entreprises…..
Transnationales
(FTN) : firmes
ou sociétés mères dont le chiffre d’affaire est d’au moins 500 millions de
dollars. Elles réalisent par ailleurs plus de 25 % de leurs productions
et de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays
différents (ONU, 1973). Elles ont donc des filiales dispersées dans le monde
entier mais elles conservent cependant de solides bases nationales.
b)
....tiennent compte des disparités socio-économiques …
Ainsi, Les marchés solvables se trouvent dans les pays du nord, les pays émergents ou les métropoles des pays en développement.
La main d’œuvre bon marché se
trouve, elle, dans un certain nombre de pays
ateliers du sud. Par ailleurs, certains états d’Asie orientale en
particulier ont mené une politique ambitieuse en matière d’éducation et de formation pour avoir une main d’œuvre
qualifiée. Les principales unités de recherche-fondamentale
et de recherche-développement sont plutôt situées dans les pays
industrialisés ou dans un certain nombre de NPIA (MIT, Tsukuba,
Hsinchu). Les disparités concernent également la fiscalité et les normes
sociales. La fiscalité est très avantageuse dans les zones franches créées par
la Chine de puis les années 80 (ZES).
Zones
économiques spéciales (ZES) : espaces au statut
juridique particulier attirant des entreprises étrangères grâce à des avantages
fiscaux et à certaines libéralités (libre retour des capitaux et des
productions, statut d’extra-territorialité).
Investissement
direct à l’étranger (IDE) : création ou achat de firmes
commerciales, industrielles ou financières à l'étranger.
Recherche
fondamentale :
Recherche-développement : recherche destinée à avoir
des applications assez rapidement dans la production ou à élaborer de nouveaux
produits ou de nouveaux services.
c)..pour établir leurs stratégies au niveau mondial.
Dans ces conditions, les activités de recherche-développement, de conception, de commercialisation et de distribution
des téléphones portables se trouvent dans le pays développés. La fabrication
des composants est réalisée dans le
monde entier. Dans le cas d’un iphone 4, les
pièces viennent des EU, du Japon, de Chine, de Corée du Sud. L’assemblage de ces pièces est « externalisé » dans des firmes sous traitantes localisées
dans les pays ateliers du sud où la main d'œuvre est bon marché. Dans
cette logique destinée à optimiser les
coûts de production, se met en
place ce que certains qualifient de courbe du sourire ou courbe sourire
(schéma). Dans ces conditions, il
est logique que depuis 2001, Apple cherche à créer des boutiques dans le monde
entier afin de contrôler également
l’extrémité de la chaine. Les Apple stores sont au nombre de 362 dans le monde
(2011). La production des téléphones portables s'inscrit donc dans la division internationale du travail (DIT) et on peut véritablement parler de produit mondialisé.
Division
internationale du travail (DIT) : elle désigne l’organisation de l’activité
économique au niveau mondial, déterminée par la spécialisation d’un pays ou
d’une région du globe dans des activités particulières en fonction d’avantages
comparatifs.
Délocalisation : transfert de tout ou
partie d’une activité à l’étranger afin de la réimporter, à moindre coût, sur
le territoire national.
III Il illustre
également certaines des questions et des débats liés à la mondialisation…
a)…
en matière de disparités socio-économiques.
Pour commencer, le niveau d’équipement en matière de téléphonie est très inégal et
reflète l’inégal développement.
C’est le cas notamment sur le continent africain. Certes le nombre d’abonnés
est désormais de 600 millions (2011). Cependant, la couverture mobile est
comprise entre 80 et 90 % en zone urbaine et de 40% en zone rurale. On
constate par ailleurs, que les stratégies
de production entretiennent largement les disparités socio-spatiales.
Ainsi, certains Etats sont tentés de pratiquer le dumping social pour attirer des investisseurs étrangers soucieux de
produire au moindre coût. Pour information, lorsque l’entreprise sous-traitante
Foxconn ne peut garantir les coûts de production les
plus bas et surtout le silence de ses employés, les grandes marques de
téléphone comme Apple, n'hésitent pas à s'adresser à d'autres firmes ou à
délocaliser.
Dumping
social :
pratique de certains États consistant à réduire la législation en matière de
droit du travail et à accepter un niveau de salaires faible afin d’attirer les
investissements d’entreprises étrangères.
b)
De respect de l'environnement et de la santé.
La production
et le transport des téléphones
portables mobilisent des ressources
présentes en quantité limitée sur la planète. Il s’agit de métaux précieux ou
semi précieux ou de minerais comme les terres
rares. Ces ressources ne sont pas
renouvelables à l'échelle d'une vie humaine leur contrôle se révèle
stratégique comme le prouve l'attitude monopolistique de la Chine en la matière
(1/3 des réserves, 95 % de la production
mondiale). Le recyclage des
appareils en fin de vie pourrait être une solution, mais la récupération
s'avère encore limitée. Leur destruction et le transport sont très polluants.
Pour terminer les incertitudes sont encore nombreuses concernant les conséquences de l'utilisation intensive
et mal adaptée de ces appareils sur la santé des usagers.
Ressources : ensemble des éléments
présents dans un milieu dont une société peut tirer partie pour son
développement.
Terres rares : ensemble de 17
métaux nécessaires à la haute technologie. Leur production est très limitée
compte tenu des coûts de main d’œuvre et
des pollutions qu’elle engendre.
Conclusion
:
Le téléphone portable est donc un produit
inscrit dans la mondialisation. Son usage se répand progressivement à l’ensemble
de la planète. Il contribue au développement des flux. L’organisation de sa
production par des firmes transnationales mobilise le monde entier. Elle est
d’ailleurs également le reflet des disparités
qui caractérisent encore notre planète. Il illustre également certains
des débats sur la mondialisation et ses effets.
Auteur : Nérée Manuel
Bibliographie : ZAKARIA F., Le
monde post-américain, Tempus, PERRIN, 2009.
[CDI]
CARROUE
L., CHARVET J-P., CIATTONI AAA., DUPUY G., FAGNONI E., GILLON P., LOUVEAUX F.,
MACCAGLIA F., MECKDJIAN S., RAVENEL L. , VEYRET Y., Géographie et géopolitique de la
mondialisation, Initial, Hatier, 2011.
Dernière mise à jour : 09/14