Séries : TL

 

Titre : Les territoires de la mondialisation

New York : la ville globale

 

Big apple est le surnom donné à la métropole Newyorkaise.  Certains la considèrent comme la parfaite incarnation de la ville globale.

 

Problématique : Pourquoi ?

 

Métropole : ville du sommet de la hiérarchie urbaine où se concentrent la population, les activités et le pouvoir. Elle fait aussi le « lien entre le global et le local » (Makinder, Vidal de la Blache, Mackenzie). On considère qu’elle fait au moins deux millions d'habitants et qu’elle est dotée de fonctions rares de très haut niveau. Mais son rôle n’est pas forcément mondial.

 

I Les fonctions qui définissent les villes globales …

a)     Il s’agit d’espaces densément peuplés ….

A l’étude de la Consolidated Statistical Area, on constate que New York est une mégapole qui réunit 22 millions d'habitants (recensement 2010). Les densités de populations y sont supérieures à 10 000 habitants au km². Cette concentration de population est un autre aspect de la métropolisation. Cependant la taille de la ville ne garantit pas son influence. Ainsi trouve-t-on dans les pays en développement des villes multimillionnaires qui ne sont pas des villes globales (Mexico, Le Caire, Lagos). Les villes globales sont cependant toutes multimillionnaires. Tokyo est une mégapole de 32 millions d’habitants. Le grand Londres compte 14 millions d'habitants et l’aire urbaine de Paris rassemble plus de 12 millions d’habitants.

 

Mégapole : le terme désigne une ville multimillionnaire. Elle compte en général plus de cinq millions d’habitant. L’ONU retient le seuil de 10 millions.

Métropolisation : tendance à la concentration de la population et des activités les plus qualifiées dans les plus grandes villes.

 

b)     ….associant des fonctions de centres de commandement 

Les villes globales concentrent de la richesse et des fonctions de commandement. Dans le domaine économique, New York abrite les sièges sociaux de 25 des 500 plus importantes firmes transnationales. On y trouve également, à Wall Street, le New York Stock Exchange (NYSE), autrement dit la première bourse en volume de transactions. Le deuxième marché d’action n’est autre que le NASDAQ (National Association of Securities Dealers Automated Quotations) qui se trouve également à Manhattan (Times Square). New York est également un marché important pour les matières premières tropicales et les métaux. On retrouve cette fonction financière dans une ville comme Londres qui représente à elle seule 20% de l’activité financière internationale. L’influence de New York repose également sur le rayonnement de ses médias : CBS, l’agence de presse Associated Press, le Time, Newsweek et le Wall Street journal. New York a également des fonctions de commandement dans le domaine politique. On y trouve le siège majeur de l’ONU.  Mais New York n’est pas capitale d’Etat contrairement à Tokyo, Londres et Paris.

 

c)     ,… de nœuds de communication,

On trouve à New York au moins trois grands aéroports (JFK, Newark, La Guardia) qui font de la ville un hub majeur. Les infrastructures portuaires situées en aval de l’Hudson font de New York le premier port de la façade atlantique des Etats-Unis. Si bien que la ville peut être considérée comme une "tête de pont de la mondialisation". On peut considérer avec Renaud Le Goix que la «ville globale est [donc] une ville nodale». New York partage cette caractéristique avec Londres (Heathrow) et Paris (Roissy CDG et Orly).

 

Hub (moyeux) : plate-forme aéroportuaire permettant le rayonnement de lignes long courrier et des lignes secondaires.

Téléport : ensemble d’équipements en télécommunication performants mis en service au bénéfice des entreprises.

 

d)     … à des fonctions distractives et éducatives

Les villes globales sont aussi des foyers culturels majeurs. On y trouve de nombreux musées de renommée internationale comme le Metropolitan Museum of Art, le Museum Of Modern Art (MOMA) et le Guggenheim. Cette concentration de musées s’inscrit dans la compétition à laquelle se livrent les villes globales. Elle est mise en avant par la communication développée par les villes globales. On parle de city marketing destiné à attirer les investisseurs et les visiteurs. Pour l’anecdote, l’expression « big apple » se généralise lorsque l’office du tourisme New Yorkais la reprend en 1970 pour promouvoir la ville. Les villes globales sont également en concurrence pour accueillir de grandes manifestations sportives. Le marathon de New York est le plus prestigieux. L’organisation des jeux olympiques peut être un enjeu comme l’a révélé la rivalité qui a opposé Londres à Paris pour les JO de 2012.

New York est également une ville étudiante avec l’université de Columbia et la New York University. Ces universités peuvent travailler avec des pôles technologiques comme la silicon Alley.

 

e)     Il résulte de cette concentration et de cette compétition une hiérarchisation à l’échelle mondiale.

En 1991, la liste des villes globales proposée par Saskia Sassen ne comportait que  trois noms : New York, Londres et Tokyo. En 2006, elle propose une nouvelle liste de centres de dimension planétaire comprenant New York, Londres, Tokyo, Paris, Frankfort, Zurich, Amsterdam, Los Angeles, Sydney, Hong Kong, Bangkok, Taipei, Sao Paulo et Mexico. Il faut dire que ce type de classement est déterminé par le choix des critères déterminants. Ainsi Paris, mal classée en termes de poids financier est très bien placée si on retient son bon niveau de connexion au reste du  monde. Le classement peut donc évoluer. On voit apparaitre désormais des villes mondiales du « sud » ou des villes relais de la mondialisation. On peut citer Shanghai, Rio, Buenos Aires, Johannesburg.

 

II … font qu’elles participent à l’organisation de l’espace à différente échelles

a)     à l’échelle mondiale (approche macroscopique) …

Compte tenu de leurs infrastructures les villes globales sont interconnectées entre elles. Elles deviennent les centres d'un système urbain mondial polycentrique et hiérarchisé.  Si bien qu’en 1997, Olivier Dollfus annonce la constitution d'un Archipel Mégalopolitain Mondial caractérisé par les relations entres les villes mondiales de l’ensemble de la planète d’une part et, par l’articulation qui existe entre ces dernières et les villes de leurs régions mégalopolitaines d’autre part.

 

Schéma AMM

 

Système urbain mondial : ensemble de villes interdépendantes en interaction

 

a)     …..et régionale  (approche mésoscopique)

Les  villes globales organisent également l’espace qui les environne. Il y a des complémentarités fonctionnelles (J. Gottmann) entre les villes globales et le territoire des mégalopoles ou des régions urbaines qui les entourent. Londres ou Paris relient au moyen de leurs plateformes aéroportuaires le pentagone des villes européennes (Londres, Paris, Hambourg, Munich, Milan) au reste du monde. Rotterdam fait figure de port ouvert sur le monde pour un hinterland qui s’étend sur presque l’ensemble de la dorsale européenne. Les villes globales ou mondiales s’intègrent donc dans les mégalopoles américaine, européenne  ou japonaise ou dans des régions métropolitaines comme la conurbation RANDSTAD HOLLAND ou le couloir RIO SAO PAULO. Par exemple, la mégalopolis américaine est un espace de 1000 Km  de long qui comprend un chapelet de 7 métropoles millionnaires rassemblant près de 55 millions d'habitants. Depuis 2010, elle est parcourue par un train à grande vitesse : l’Acela  express.

Dans ces espaces, les villes du sommet de la hiérarchie sont les mieux connectées. Les villes intermédiaires, elles sont court-circuitées subissant un effet tunnel. En dépit de leurs relations avec l’espace environnant certains géographes considèrent que les villes globales seraient de moins en moins dépendantes de leurs arrières-pays.

 

Schéma mégalopole

 

Schéma pentagone des villes européennes

Mégalopole : pour Jean Gottmann, il s’agit d’une région urbaine de plusieurs dizaines de millions d'habitants comprenant de nombreuses métropoles  et  de grands centres urbains  et s'étendant de manière continue sur des centaines de kilomètres. On peut compléter la définition en disant que la Mégalopole est structurée autour d’un système efficient de transports et qu’elle joue un rôle d’interface. C’est un espace qui n’est pas toujours homogène mais qui possède des centres d’accumulation et de reproduction du capital et des centres de commandement.

 

III Leur morphologie témoigne de leur insertion dans la mondialisation (approche microscopique).

 

a)     La skyline est le reflet du rôle des villes globales dans la mondialisation.

 

. «On ne peut commander le monde sans soigner son image »  R. Le Goix au sujet de New York.

 

La skyline est désormais la signature des plus grandes métropoles. Les villes globales présentent un urbanisme vertical spécifique avec la construction de ces gratte-ciel aux dimensions exceptionnelles. Elle inscrit le central Business district (CBD), symbole de la fonction des villes globales, dans le paysage. A New York, c’est le quartier de Manhattan qui concentre la puissance décisionnelle. On observe l’existence d’une véritable course architecturale. Ainsi la hauteur (flèche comprise) du nouveau « One world trade center » fait l’objet d’une polémique pour l’imposer comme le plus grand immeuble du monde occidental. C’est une façon concrète et symbolique d’affirmer la puissance d’une ville, d’un Etat.

On retrouve cette démarche à Londres dans le quartier de la City où la tour concave Walkie-Talkie n’enflamme pas que les esprits. Le cas de Paris qui possède son quartier d’affaire, La défense, est particulier, puisque la législation limite la hauteur des constructions. La tour Montparnasse fait d’ailleurs figure d’exception. La réalisation de gratte-ciel aux dimensions exceptionnelles est donc la manifestation d’une puissance. C’est à elle que s’en prend  Al-Qaida en détruisant les tours du «World Trade Center », le 11 septembre 2001.

 

CBD : lieux centraux où sont concentrés les sièges sociaux d'entreprises et les fonctions de commandement 

Paysage : portion de l’espace analysée visuellement.

 

b)     Morphologie et dynamiques urbaines des villes globales.

Pour commencer, on observe un desserrement des activités et des espaces résidentiels vers la périphérie de la ville. Dans les banlieues se développe l’habitat individuel dans des espaces résidentiels. Ainsi en France comme aux EU ces espaces représentent 40% des surfaces consacrées à l'habitat individuel. Des activités sont également implantées en périphérie. Il peut s’agir de zones d’activités, notamment de technopoles, ou bien de centres commerciaux comme les « malls » aux Etats-Unis. Ces lieux sont d’ailleurs le reflet d’une certaine uniformisation des modes de vie. Ainsi se forment en périphérie de nouveaux centres. Certains parlent à ce titre de la constitution d’edge cities dans el cadre d’un polycentrisme urbain. On peut citer l’exemple de Jersey city en face de Manhattan, de Val d'Europe à l’est de Paris ou d’Irvine dans le sud de Los Angeles. Cette organisation implique des mouvements pendulaires dont la répartition sert à définir l’extension de la métropole comme aire de vie et d’activité.

 

Il y a également dans les villes globales de fortes disparités socio-spatiales. Saskia Sassen note d’ailleurs que la ségrégation socio-spatiale s'accélère avec la mondialisation. Elle distingue des quartiers aisés voir très aisés  de quartiers  pauvres comme  Harlem, au nord de Manhattan, où 36% de la population vit avec des revenus en dessous du seuil de pauvreté (image du ghetto).  Mais leur peuplement et la répartition des quartiers peuvent évoluer. Comme dans les autres agglomérations, on observe un processus de gentrification. Ainsi, à  New York, le quartier de Soho est devenu un quartier branché. Tandis que Times square, ancien quartier populaire est devenu aussi un quartier d’affaires apprécié des touristes. L’évolution des flux migratoires contribue également à changer le peuplement de certains quartiers. C’est le cas de Harlem. Le peuplement afro-américain y est complété depuis longtemps par des hispaniques mais aussi désormais par des asiatiques (3% de la population), des africains et des blancs non hispaniques appartenant aux classes moyennes. La ville globale est donc une ville cosmopolite.

 

Schéma  morphologie d’une ville globale américaine

 

Gentrification : processus d'installation pionnière dans un quartier  de résidents d'un niveau socio-économique supérieur à celui des résidents déjà présents. A Paris, certains pourraient parler de « boboisation ».

 

Polycentrisme métropolitain : ensemble de nouveaux centres constitués à la périphérie des villes (edges cities, technopoles) présentant certaines similitudes paysagères immeubles récents, parcs avec des entrepôts, parkings, ronds-points et voies rapides.

 

Edge cities : pôle d'emploi périphérique, spécialisé souvent dans la finance, l'industrie de l’information, le high tech et les surfaces commerciales.

 

Conclusion :

Il est donc possible de définir la ville globale à partir de l’exemple de New York. La ville globale est, en effet, une métropole qui concentre de la richesse et des fonctions de commandement dans le domaine politique et dans le domaine économique. C’est aussi un pôle qui joue un rôle nodal dans les réseaux de la mondialisation. Elle s’inscrit également dans les flux de la mondialisation par son caractère cosmopolite. La ville globale organise l’espace. A l’échelle mondiale, participe à un système urbain qui réunit les villes du même rang. A l’échelle régionale elle articule le local et le global. Sur son territoire, la répartition des fonctions se lit dans le paysage. La ville globale est également marquée par des disparités socio-spatiales. Si New York est la ville globale par excellence, elle n’est pas la seule. Dans la compétition internationale à laquelle se livrent les métropoles de premier rang, elle est concurrencée par Londres, Paris, Tokyo, Los Angeles et par l’ensemble de villes mondiales émergentes parmi lesquelles figurent Shanghai.

 

 

Auteur : Nérée Manuel

Bibliographie :

BRETAGNOLLE A., LE GOIX R., VACCHIANI-MARCUZZO C., Métropoles et mondialisation, Documentation photographique, n°8082, La documentation française, 2011
CARROUE L., CHARVET J-P., CIATTONI A., DUPUY G., FAGNONI E., GILLON P., LOUVEAUX F., MACCAGLIA F., MECKDJIAN S., RAVENEL L. , VEYRET Y., Géographie et géopolitique de la mondialisation, Initial, Hatier, 2011.

Dernière mise à jour : 12/17

 

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