Les socialismes en Allemagne en 1927

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Sujet : les socialismes en Allemagne en 1927

Consigne : après avoir présenté le document et son contexte, vous montrerez en quoi il est le reflet de l'évolution de la social-démocratie allemande et de son opposition aux communistes.

L’expérience de la révolution d’une part, de l’autre l’intransigeance et la maladresse des communistes ont eu pour résultat d’incliner les socio-démocrates un peu plus à droite. En causant avec quelques-uns de leurs chefs, à Berlin et ailleurs, j’ai été frappé de leur modération et de leur largeur de vues ; je ne parle pas de leur patriotisme qui m’était connu. On demeure fidèle aux doctrines ; mais quelle prudence, quel sage opportunisme dans l’application ! Où est le temps où, à l’Assemblée nationale, le ministre-président Bauer annonçait l’intention du gouvernement « de socialiser dans toute la mesure du possible, les forces de production et de ne souffrir qu’aucun obstacle vint rendre plus difficile pour l’avenir une socialisation plus complète ! »… de cette terrible crise [l’inflation], la production capitaliste est sortie décimée, mais fortifiée et moralement grandie ; elle a eu la sagesse de ne point abuser de sa victoire et d’en faire bénéficier assez largement le monde du travail « l’ouvrier allemand est devenu très sage », me déclarait le docteur Breitscheid, député social-démocrate au Reichstag. « Il sait qu’il n’y a rien à attendre d’une révolution, mais il peut tout espérer de l’action méthodique de ses syndicats ».
D’une manière générale, j’ai trouvé les socialistes allemands très assagis, très raisonnables, et moins préoccupés de combattre les partis bourgeois que de tenir les communistes en respect. Un démocrate, ancien ministre, à qui je demandais s’il ne craignait pas que l’Allemagne souffrit longtemps de l’impuissance où la crise financière avait réduit la bourgeoisie, me répondit : « Non, l’Allemagne aura bientôt une bourgeoisie de rechange : la social- démocratie. » Je crois qu’il exagérait qu’un peu.
Maurice Pernod, L’Allemagne d’aujourd’hui. Paris, Hachette, 1927.

Gustave Bauer : chancelier SPD de la République de Weimar d’août 1919 à mars 1920


Corrigé : les noms soulignés doivent faire l'objet de petites biographies. L'essentiel à retenir est en gras.

Le document à l’étude est un compte rendu du journaliste qui, dans la deuxième moitié des années 20 est allé à Berlin et a rencontré des responsables socio-démocrates. C’est un extrait d’un ouvrage intitulé L’Allemagne d’aujourd’hui publié en 1927. Il convient de rappeler le contexte politique et économique de l’Allemagne de l’époque. Depuis la fin de la première guerre mondiale, le régime en place est la . Elle succède au ) de qui abdique avec la défaite Allemande. Sur le plan géopolitique, la Ruhr grande région industrielle, vient d’être par les troupes françaises et belges entre 1923 et 1925, parce que l’Allemagne tardait à payer les fixées par le en 1919. Enfin, sur le plan économique, l’Allemagne sort d’une grave crise qui a affecté le pouvoir d’achat des Allemands. Ce traumatisme des années 20 explique aujourd’hui encore leur attachement à une monnaie forte.

Le document ainsi que la consigne, nous invitent à nous interroger sur et sur dans ces années là. Ceci peut sembler paradoxal puisque la social-démocratie du et le communisme du ont des origines communes. Dans les deux cas, il s’agit d’idéologies socialistes attachées à l’amélioration du sort des .

Le document permet, pour commencer, de montrer . A l’origine, l’une des inspirations du Parti Social-démocrate Allemand ( ) est . L’auteur note, en effet, qu’il est loin " […] le temps où, à l’Assemblée nationale le ministre-président Bauer annonçait l’intention du gouvernement « de socialiser dans toute la mesure du possible, les force de production … »". Les socialistes souhaitent en effet socialiser les moyens de production, par la , l’ . Déjà en 1848, dans le Manifeste du parti communiste, et envisagent la « centralisation entre les mains de l’Etat des moyens de production ». Mais la réalité est plus complexe. Le SPD naît de la fusion en au Congrès de de deux mouvements socialistes. L’un est . Il s’agit du Parti Ouvrier Social Démocrate Allemand (SDAP) d'August Bebel et Wilhelm Liebknecht. L’autre est plus . Il s’agit de l’Association Générale des Travailleurs Allemands (ADAV).
C’est cette tendance qui progressivement finit par l’emporter au sein de ce parti qui prend le nom de SPD en 1891, au congrès d’Erfurt. Comme l’auteur l’indique les socio-démocrates allemands inclinent « … ». Il dit des chefs de ce parti qu’il est frappé par leur « modération ». Il cite également un député social démocrate qui considère que « L’ouvrier allemand est devenu très sage ». Maurice Pernod témoigne en 1927, mais cette ligne politique progresse au sein SPD sous l’impulsion de Ferdinand Lassalle et Edouard Berstein depuis la fin du 19ème siècle. Les socio-démocrates considèrent alors qu’il est possible d’améliorer le sort des travailleurs en participant à la et en modifiant progressivement le système capitaliste. Attention, l’auteur précise qu’ « on demeure fidèle à la doctrine ». Il est vrai que le discours du SPD reste officiellement jusqu’en 1959. Le SPD devient rapidement un parti passant de 400000 adhérents en 1905 à plus d’un million en 1914. Il s’organise avec plusieurs milliers de permanents très bien formés. C’est peut-être à eux que pense l’ancien ministre interrogé par Maurice Pernod lorsqu’il évoque une « bourgeoisie de rechange : la social démocratie ». Ce socialisme s’appuie sur un certain nombre de relais puissants dans la société civile. Comme le dit le Docteur Breitscheid « [l’ouvrier] peut tout espérer de l’action méthodique de ses ». En 1878 sont créés les premiers en Allemagne. En 1890, est fondée l' (Confédération Générale des Syndicats Allemands) qui réunit en 1913 2,5 millions d'adhérents soit plus de la moitié des syndiqués de l’époque. Ce syndicat est étroitement lié au . En 1912, à la « veille » de la première guerre mondiale, le obtient 35% des voix aux élections législatives, si bien qu’il s’impose progressivement comme "le phare du socialisme européen".

Le document présente également l’intérêt de faire apparaître . En Allemagne, comme ailleurs en Europe, c’est à l’occasion de la première guerre mondiale que le mouvement socialiste allemand . Dès le début du texte l’auteur mentionne le « » des chefs socio-démocrates. Il est vrai qu’au début de la première guerre mondiale une bonne partie du fait le choix de la guerre. En 1912, le député SPD Noske déclare que les socialistes Allemands feront leur devoir militaire et en août 1914, ils votent les . Seul, le député socialiste vote contre. Les socio-démocrates sont donc et leurs différends ne s’apaisent pas pendant la guerre.
La rupture intervient à la fin du conflit. Maurice Pernod évoque « ». Il fait référence à la tentative des de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Ils sont inspirés par la révolution russe de 1917qui a fait chuter le Tsar, avant de permettre aux bolcheviks d’inspiration de s’emparer du pouvoir. En Allemagne, le processus révolutionnaire pousse à abdiquer le 9 novembre 1918. A Berlin, les pensent venue l’heure d’établir une République des Conseils sur un modèle bolchevik. Ils sont sévèrement réprimés par les corps francs pour le compte du gouvernement d’Ebert et de Noske au cours de la « » du 6 au 13 janvier 1919. Socio-démocrates et révolutionnaires marxistes du Parti Communiste allemand ( fondé en 1919) sont donc désormais des irréconciliables. Cela se vérifie en 1925, lorsque les communistes du maintiennent leur candidat aux élections présidentielles et permettent ainsi l’accession au pouvoir du conservateur au détriment du candidat . C’est peut-être à cela que Maurice Pernod fait référence lorsqu’il évoque «l’ et la des »

C’est là tout l’ du document que de montrer que le ayant évolué pour devenir strictement réformiste, il s’oppose ensuite au courant révolutionnaire du socialisme incarné par les du . Cependant même s’il fait référence à la crise inflationniste, il ne voit pas l’horizon s’assombrir au dessus de la tête des socialistes et des communistes. En effet, le parti national-socialiste des travailleurs allemands ( ), autrement dit le parti nazi, est créé en 1920. Hitler tente de s’emparer du pouvoir par le putsch de la Brasserie à Munich en novembre . C’est un échec. Il est emprisonné puis libéré en 1925. Quand Maurice Pernod écrit ces quelques lignes plutôt optimistes pour les socio-démocrates, le parti nazi compte plus de 150 000 adhérents. En 1933, ils accèdent au pouvoir. Ils interdisent le et le . Leurs militants sont envoyés dans des camps . Maurice Pernod a peut-être négligé la montée de ce danger.