Séries : TS,
TES
Le Proche et
le Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis la fin de la première guerre
mondiale.
Le Moyen-Orient désigne les territoires
compris entre l’est de la Méditerranée, le sud de la Mer Noire, l’Océan Indien
et l’Iran. Le Proche-Orient est une
partie du Moyen-Orient située entre
la Turquie et l’Egypte sur les bords de la Méditerranée. Mais, nous le verrons
plus loin, tout le monde ne s’accorde
pas sur cette délimitation.
L’intitulé officiel nous invite à étudier la région depuis la fin de la
première mondiale. Il faut peut-être étendre l’étude à des époques plus
anciennes pour deux raisons. La première est liée au fait que la région est un
enjeu dès le début de la première
guerre mondiale. La seconde résulte du poids
des représentations (Y. Lacoste) dans cette partie du monde. Certaines
références à un passé lointain sont donc nécessaires pour expliquer les
tensions qui l’agitent. Un conflit
désigne un différend entre des acteurs égaux ou inégaux à toutes les échelles
(internationale, régionale, nationale, locale). Le terme ne signifie donc pas forcément « guerre
ouverte » avec affrontement militaire (B. Giblin).
Pourquoi
le Proche et le Moyen-Orient constituent-ils un foyer de conflits depuis la
première guerre mondiale ? Quelles sont les tensions qui parcourent cette
région du globe ? Quelle en sont les enjeux ? Une issue est-elle
envisageable ? La paix est-elle
possible ?
I
Acteurs et territoires, pour une
approche diatopique (B. Giblin)
de la question.
a) Il s’agit d’une région…
…dont
les définitions ne sont pas admises par toutes les chancelleries. Ainsi les
Britanniques considèrent que le
Moyen-Orient s’étend de la rive est de la méditerranée jusqu’à l’Irak et au Koweit. Pour les français, il englobe la péninsule arabique.
Les américains intègrent dans leur
vision du Moyen-Orient, l’Afghanistan, le Pakistan et le Maghreb.
b) …faite de territoires inégalement pourvus en ressources…
L’eau n’est pas rare, mais elle n’est pas
abondante et elle est très inégalement répartie. Les gisements peuvent devenir des enjeux majeurs dans
les relations compliquées qu’entretiennent les Etats de la région. C’est le cas
par exemple du Golan, territoire
syrien annexé par Israël. Il s’agit d’un véritable « château d’eau »
pour la région. Pour continuer, la
région abrite 64% des gisements prouvés de pétrole. L’Arabie saoudite
détient 20% des réserves prouvées, l’Irak 12%, l’Iran 9%.
Concernant Israël, des réserves ont été découvertes en Méditerranée. Le
gisement Mary-B est en exploitation, le gisement Léviathan reste en réserve.
Cette ressource peut motiver des conflits comme entre l’Irak et le Koweït en
1990. Le transit des ressources et des marchandises est également extrêmement
important. Ceci explique le caractère stratégique du canal de Suez, du détroit
d’Ormuz et de conduites comme le trans-arabian pipeline (tapline).
Ressources : éléments du milieu exploités par une société pour
satisfaire ses besoins.
c) …et marquée par un peuplement d’une grande diversité
culturelle.
Le Moyen-Orient
comme d’autres régions du monde est loin
d’être homogène d’un point de vue culturel. Au niveau linguistique par
exemple, l’hébreu et l’arabe ont de
commun d’être des langues chamito-sémitiques.
Mais il faut compter aussi avec le persan en Iran et le Kurde. Le turc, lui est
une langue ouralo-altaïque. Il existe une multitude d’autres langues
minoritaires dans la région. Par exemple, l‘araméen y est encore parlé dans les
régions du « levant ». D’un point de vue religieux, cette région du
monde est le berceau des trois grands monothéismes : le judaïsme, le
christianisme et l’Islam. Ces religions sont elles-mêmes divisées. C’est le cas de l’Islam. Il y a
notamment des sunnites, des chiites et des druzes pour ne pas citer toutes les
traditions. Le christianisme n’est pas
plus homogène. Ainsi, plusieurs églises se partagent les lieux saints du
christianisme à Jérusalem. Il est à rappeler que les réalités linguistiques ne recoupent pas systématiquement les
réalités religieuses loin de là. Ainsi qui est arabophone n’est pas
forcément musulman. C’est le cas des arabes chrétiens du Proche-Orient présents
en Israël, au Liban et en Syrie.
d) Cette complexité est perceptible à plusieurs échelles.
Jérusalem offre un exemple de la proximité de plusieurs communautés. Il y a dans la vielle ville un
quartier arménien, un quartier arabe musulman, un quartier arabe chrétien et un
quartier juif. On trouve d’autres exemples de cette proximité à grande échelle
dans d’autres métropoles de la région comme Beyrouth au Liban, Bagdad en Irak ou Alep en Syrie. A plus petite échelle, la plupart des Etats présentent une certaine diversité de leurs
composantes. Le Liban compte de nombreuses minorités que la constitution
tente de satisfaire à travers son organisation institutionnelle. En Syrie une minorité alaouite dirige un
pays peuplé de chiites, de sunnites, de chrétiens, de circassiens, de druzes,
de kurdes et de juifs. Même si l’Etat d’Israël se présente comme un « Etat
juif », il n’est pas plus homogène.
En effet, certains citoyens israéliens sont arabes (20% de la population).
Les uns sont musulmans, les autres chrétiens. Il y a également des druzes. De
plus, le peuplement israélien est aujourd’hui complété par des immigrations
récentes. Cette
question démographique est une des préoccupations des autorités israéliennes. Pour terminer, cette présentation du rapport entre
état et communauté. Il convient de rappeler que les palestiniens n’ont pas d’Etat. Certes, la représentation à
l’UNESCO est reconnue depuis peu mais l’autorité palestinienne n’a qu’une
souveraineté très limitée.
e)
Il faut par
ailleurs tenir compte des jeux d’influences dans la région.
A
l’échelle régionale, Israël peut sembler
isolé au milieu d’Etats qui, pour certains, lui sont carrément hostiles. Ce
sentiment d’isolement est d’ailleurs renforcé par les récents accords de Genève
concernant le nucléaire iranien. F. Encel parle a ce
titre de complexe de Massada. L’antagonisme avec la Syrie ou avec l’Iran est
avéré. Au Liban, chacune de ces trois puissances régionales cherche à appuyer
la minorité susceptible de servir son jeu. Ainsi, la Syrie et l’Iran
soutiennent le hezbollah chiite. Les monarchies du
golfe soutiennent, les sunnites libanais tandis qu’Israël est l’allié des
chrétiens maronites. Au-delà de cette
première sphère, F. Encel démontre que l’Etat cherche
à se concilier des Etats dans la région pour constituer une deuxième voire une troisième ceinture et former ainsi des alliances de revers. Enfin dans le
jeu diplomatique de la région, il faut tenir compte du rôle des grandes
puissances. Depuis 1967, Israël est clairement soutenu par les Etats-Unis. La
Russie reste un allié fidèle de Bachar-al-Assad comme en témoigne l’impossibilité actuelle à trouver
un règlement international au conflit syrien.
Cette
première partie a donc pour intérêt de montrer qu’on ne saurait réduire les
causes des conflits dans cette région à un seul enjeu.
II Représentations et conflits, pour une approche
diachronique (B. Giblin) de la question.
a)
Les
représentations se renforcent sous différents empires.
Cela
est perceptible à Jérusalem. Aujourd’hui le mur des lamentations-mur occidental-mur d’al-Bouraq
est reconnu par les israéliens comme le vestige du temple construit par
Salomon. C’est un souvenir d’Eretz Israël, le royaume des rois David (1010-971 avant J-C) et
Salomon (971-931 avant J-C). A la suite des répressions des révoltes juives de
70,115 et 135 après J-C par les romains, les
juifs sont réduits à la dispersion.
Ils forment ce qu’on appelle la diaspora. Ceux qui restent ne forment
qu’une communauté minoritaire dans la région. Le territoire passe donc sous
contrôle romain. C’est sous cette première domination romaine que le
christianisme émerge en Judée. Il se diffuse
ensuite de proche en proche dans l’empire. Aux yeux des chrétiens, Jérusalem est la ville qui abrite le tombeau du Christ (Saint Sépulcre). Au
7ème siècle les arabes musulmans conquièrent Jérusalem. Ils
réalisent alors la mosquée Al Aqça et le dôme du
rocher qui illustre la tradition de l’Islam selon laquelle Mahomet à la suite
d’un voyage nocturne se serait élevé au ciel depuis Jérusalem. Ces éléments
font de Jérusalem une ville « trois
fois sainte » dont les lieux sont revendiqués par différentes communautés
religieuses. Les Israéliens comme les Palestiniens veulent faire de la ville
leur capitale. Ce n’est pas le seul
exemple de la force des représentations dans la région. On peut par exemple
signaler l’importance des tombeaux d’Ali et d’Hussein à Najaf et à Kerbala en Irak qui sont des lieux saint de l’Islam chiite.
On peut aussi évoquer ce que représente la présence de non-musulmans en terre
sainte d’Arabie aux yeux des néo-fondamentalistes,
compagnons de Ben Laden. Si on se doit de discuter la notion de guerres de religions dans la région
tant les enjeux sont nombreux et complexes, on constate que la force de ces
représentations est instrumentalisée par les plus radicaux pour mobiliser le
plus grand nombre autour de leurs idées.
Diaspora :
communauté dispersée dans le monde entier.
b)
La région passe
ensuite de la tutelle coloniale ….
Au
moment de la première guerre mondiale. La région est sous domination ottomane.
En Palestine, vivent des arabes, les palestiniens. Quelques communautés juives
sont installées là conformément à l’idéal sioniste,
et tentent une mise en valeur agricole. Pour affaiblir, l’empire ottoman,
membre de la triple alliance, la Grande-Bretagne promet au début de la guerre au chef des Bédoins, le Cherif
al-Hussein un royaume arabe unifié s’il accepte de combattre les
ottomans. Elle signe en même temps avec
la France les accords Sykes–Picot (1916) qui prévoient le partage des vestiges
de l’empire ottoman entre les deux puissances. Le pétrole est l’un des enjeux
de ce partage. En 1917, par la déclaration
Balfour, les britanniques promettent au lord Rothschild la création d’un foyer juif en Palestine. L’écrivain Arthur
Koestler commente cette annonce de la façon suivante : « en
Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une
troisième ». Cela n’empêche pas les Britanniques de soutenir la grande révolte arabe contre les
ottomans par l’intermédiaire de Lawrence d’Arabie.
Conformément aux accords Sykes-Picot, la SDN
confie à la France des mandats sur
le Liban, la Syrie et au Royaume-Uni, la Palestine, la Transjordanie et l’Irak.
Dans l’entre-deux-guerres, la région est le théâtre de soulèvements juifs et
palestiniens comme en 1921, 1929 et 1936. C’est aussi un enjeu de la seconde
guerre mondiale. Par les Protocoles de Paris signés en 1941, le régime de Vichy cède aux
Allemands l’usage de bases en Syrie. Il faut dire qu’il s’agit pour ces
derniers de contester la suprématie britannique sur l’Egypte et sur l’Irak. A
la fin de la guerre, après la shoah
et la participation de 26 000 juifs de
Palestine aux combats aux côtés des troupes britanniques la revendication
d’un Etat juif prend plus de force encore. Mais les Anglais sont embarrassés
par cette question comme en témoigne l’épisode
de l’Exodus en 1946 au cours duquel des rescapés de la Shoah sont empêchés
de débarquer en Palestine. Pour F. Encel, la fin de la guerre est l’occasion pour les
américains et les soviétques de réduire l’influence
britannique dans la région. En 1945, Roosevelt garantit au roi d’Arabie Ibn
Seoud un
soutien militaire permanent des EU contre l’assurance d'un approvisionnement
en pétrole (Pacte du Quincy). En 1947,
le plan de l’ONU, prévoit l’indépendance
de la Palestine partagée entre un état juif et un état arabe et l’internationalisation de Jérusalem.
Sionisme :
principe de la restauration d’une entité politique juive en Palestine. C’est
l’écrivain hongrois Théodor Herzl qui se fait le grand promoteur de cette idée.
Le principe est adopté en 1896 par le mouvement sioniste. Dès 1882, les
premiers villages de pionniers sont formés dans une Palestine sous domination
ottomane. Ils rejoignent les 24 000 juifs qui vivaient encore en Palestine en
1880 soit 4.4% de la population.
Mandats : anciennes
colonies allemandes ou possessions ottomanes confiés à l'administration d'Etats
vainqueurs de la première guerre mondiale par la société des nations.
c)
…..à
l’influence des deux superpuissances.
Progressivement, dans la région des Etats accèdent à
leur indépendance. (Irak-32, Liban-43, Syrie-46, Transjordanie-46). Dès le vote
du partage par l’ONU débute une guerre civile opposant Juifs et Palestiniens. A
la proclamation d’Indépendance en 1948,
Israël est attaqué par cinq Etats arabes voisins (Egypte, Transjordanie, Syrie,
Liban, Irak) et par les Palestiniens qui ne le reconnaissent pas. C’est la guerre d’indépendance ou premier conflit
israélo-arabe. Grâce à l’aide Tchécoslovaque et à la préparation de ses
combattants, Israël résiste. Au terme de cette guerre en 1949, la Palestine
n’existe plus, près de 750 000
palestiniens terrorisés par des massacres comme celui de Deir
Yassine (250 victimes), se réfugient dans les pays arabes voisins,
dans la bande de Gaza et en Jordanie (ce nombre avoisine aujourd’hui le
million). C’est la Nakba (catastrophe en
arabe).
Dans ce contexte, les deux grands placent leurs pions.
Le Pacte de Bagdad signé en 1955 par le
Royaume-Uni, le Pakistan, l’Irak, l’Iran et la Turquie est favorable aux Etats-Unis. En juillet 56, désireux de financer
un ambitieux projet de barrage sur le Nil, le président égyptien Nasser se
rapproche des soviétiques et décide de nationaliser le canal de Suez
dont la plupart des actionnaires étaient français ou britanniques. Les deux
puissances européennes réagissent donc et préparent avec Israël une opération
baptisée « mousquetaire ». Le 29 octobre 1956 les troupes Israéliennes attaquent
donc l’Egypte et envahissent le Sinaï. Le 5 novembre, un corps
franco-britannique de 60000 hommes débarque en Egypte en provenance de Chypre
en prétendant séparer les forces israéliennes et égyptienne. Les alliés
semblent l’emporter rapidement mais les soviétiques menacent Paris et
Londres et les américains font pression pour que l’opération soit
stoppée. Israël doit reculer. La crise de Suez en 1956, est révélatrice de la
fin de l’ère des puissances coloniales.
En 1967, l'Etat d'Israël
possède peut-être l’arme nucléaire lorsqu’il attaque de façon préventive la
Syrie, l’Egypte, l’Irak et la Jordanie. C’est la guerre des six jours ou
troisième guerre Israélo-arabe. Les aviations arabes (matériel en grande
partie soviétique) sont détruites au sol. Tsahal (armée Israélienne)
progresse vers le Golan, le Sinaï, la
Bande de Gaza et la Cisjordanie. L’ensemble de Jérusalem est annexé et le mur
occidental devient accessible aux Israéliens. La résolution 242 de l’ONU
demande le retrait de [des] territoires occupés par Israël et la
reconnaissance du droit de toutes les nations de la région à vivre en paix.
L’Etat hébreu devient un allié privilégie des Etats-Unis dans la région
tandis que De Gaulle inscrit la France dans une longue tradition de politique
étrangère plutôt pro-arabe (discours sur le « peuple d'élite, sûr de lui-même et
dominateur »).
Le 6 octobre 1973 jour de la
fête juive du Yom Kippour est lancée contre Israël une offensive éypto-syrienne préparé dans le plus grand secret. C’est la
guerre du Kippour, la quatrième guerre Israélo-arabe. 10 jours plus
tard, Israël reprend l’initiative. Les pays arabes soutiennent l’offensive
égypto-syrienne en augmentant le prix du baril de pétrole et en décidant un
embargo total envers le E-U et les Pays-Bas. Il faut la menace d’une
intervention unilatérale de l’URSS et la mise en alerte nucléaire des
E-U pour que le conflit cesse. La guerre du Kippour a été la plus
internationalisée du Proche-Orient.
L’année 1978 est un tournant
dans les relations internationales dans la région. Le président égyptien Anouar
el-Sadate accepte de négocier avec Israël. Par les accords de camp David signés en 1978-1979,
l’Egypte reconnaît Israël qui évacue le Sinaï. Mais toutes les questions de
la région ne sont pas réglées. Les palestiniens réfugiés dans les Etats
arabes voisins s’organisent. Depuis le Liban, l’Organisation de la
Libération de la Palestine (OLP) dirigée par Yasser Arafat menace Israël. En 1975 débute une guerre
civile au Liban. Israël qui souhaite frapper
l’OLP sur sa base stratégique, intervient dans le conflit en 1978 puis en juin
82 en lançant l’opération Paix en Galilée (cinquième guerre
israélo-arabe). L’armée israélienne envahit le Sud-Liban jusqu’à
Beyrouth. Le 18 septembre 1982, des miliciens maronites encadrés par l’armée
israélienne d’Ariel Sharon massacrent des civils palestiniens dans les
camps de Sabra et Chatila. Israël se retire du Liban
en 1985, mais conserve une zone de sécurité au Sud-Liban de 10 km de large.
C’est dans ce contexte que débute spontanément à Gaza la première intifada
(1987-1993) qui oppose de jeunes palestiniens à l’armée israélienne. C’est également dans ces années là que l’islamisme
prend dans la région une autre dimension. Ce mouvement né dès la années 20
notamment en Egypte avec les frères musulmans, devient à la fin des années 70
une réalité géopolitique. Dans le contexte de l’essoufflement des modèles
postcoloniaux (Egypte), du discrédit des élites dirigeantes (Iran) et de la
crise économique, il connaît un certain succès. En 1979, les Etats-Unis
perdent un précieux allié dans la région.
Le shah d'Iran Reza Palavi, est renversé par l'ayatollah Khomeyni. L’Iran devient une république islamique, la charia est appliquée. En 1980,
Saddam Hussein attaque l’Iran (guerre Iran-Irak-première Guerre du Golfe).
Il redoute la contagion islamiste chiite et lorgne sur des territoires
stratégiques du pays voisin. Il apparaît alors comme un rempart arabe,
nationaliste, sunnite et potentiellement laïc face aux chiites islamistes. Ce
conflit se solde par un retour à la situation d’avant guerre et fait entre
500 000 et 1 000 000 de victimes. En Afghanistan, des communistes
soutenus par Moscou réalisent un coup d’Etat en 1978. Ils mettent en place
une république socialiste pro-soviétique. Mais très vite ce gouvernement est menacé par
des islamistes hostiles à certaines des mesures, notamment celles
concernant les droits des femmes. L’URSS intervient en 1979 pour
soutenir ce gouvernement. Elle voit là l'occasion de contrôler une zone
qui donne accès à des ressources pétrolières. Elle peut aussi ainsi se
rapprocher des mers chaudes et contrer l'influence des EU sur le Pakistan
voisin. Cette opération est une erreur. Les moudjahidines afghans
(notamment le Commandant Massoud) résistent grâce au soutien américain
et pakistanais. Des islamistes du monde entier (dont Ben Laden) convergent pour
participer à ce nouveau Djihad. Face à ces oppositions, M. Gorbatchev
finit par décider en 1989 le retrait des troupes soviétiques.
Intifada :
en arabe soulèvement ou guerre des pierres.
Islamisme : c’est un projet qui vise à ré-islamiser la société et à créer un système politique totalisant qui
gérerait tous les aspects de la société, de l'économie en s'appuyant sur les
seuls fondements de l'Islam (Olivier Roy).
OLP :
organisation pour la libération de la Palestine. A l’origine en 1964, elle
réunit plusieurs courants politiques. Progressivement le Fatah de Yasser Arafat
s’impose comme le plus influent.
a)
La fin de la
guerre froide ne marque pas la fin des
conflits de la région.
En
aout 90, Saddam Hussein envahit le Koweït (Guerre du Golfe ou Seconde Guerre
du Golfe). Très affaibli et endetté à l’issue de la guerre Iran-Irak, il
reproche au Koweït sa politique de forte production qui maintient le prix du
pétrole à un niveau bas. Il convoite également les gisements de ce petit
pays. Les EU ne sauraient accepter une telle violation du droit
international et ne peuvent laisser l’Irak prendre le contrôle des 9%
des réserves mondiales possédées par le Koweït. Ils constituent alors une vaste
coalition comprenant des pays occidentaux et arabes. Le Roi d’Arabie
Saoudite obtient des dignitaires religieux une fatwa autorisant la présence
de troupes infidèles en terre sainte pour permettre l’installation des forces
de la coalition. La guerre dure du 15 janvier 1991 à la fin du mois de février.
C’est un moment de rupture entre les autorités saoudiennes et Ben Laden.
Celui-ci dénonce la compromission des monarchies pétrolières avec les
occidentaux et développe un discours néo-fondamentaliste de rejet de
l'occident incarné par les États-Unis.
En
Afghanistan la situation ne s’améliore pas. Après le départ des soviétiques,
les moujahidines
prennent le pouvoir en 1992. Mais le désordre règne dans le pays. En 1996, les talibans (étudiants en religion) les
remplacent. Ils sont soutenus et financés par le Pakistan voisin et
apparaissent comme un recours pour rétablir l'ordre. Ils se rendent cependant
coupables de nombreuses vexations contre les femmes et d'exécutions sommaires.
L’Afghanistan devient également la base d’entraînement d’Al Qaida. Le
11 septembre 2001, un groupe de 19
personnes d'origine saoudienne pour la plupart, détourne quatre avions et
détruit ainsi les tours jumelles du World Trade Center à New-York et endommage
sérieusement le Pentagone à Washington. Le bilan humain est de 2995 victimes.
Le monde entier découvre la nébuleuse terroriste dirigée par Ben Laden.
Seuls les accords d’Oslo, signés en 1993,
représentent un espoir de paix. Ils permettent la reconnaissance mutuelle entre
israéliens et palestiniens. Est également prévue la mise en place d’une autorité
palestinienne avec un début de souveraine sur Gaza, Jéricho et une petite
portion de la Cisjordanie (zone A). Mais le Fatah se discrédite assez
rapidement et un mouvement islamiste palestinien, le Hamas, renforce son
audience. Coté israélien, l’extrême droite n’accepte pas ce début de
« processus de paix ». En 1995, un jeune colon extrémiste orthodoxe,
assassine Yitzhak Rabin, signataire des accords pour Israël. Depuis les
pourparlers peinent à progresser. Le déplacement d’Ariel Sharon sur
l’esplanade des Mosquées provoque le début de la seconde intifada en
2000. C’est peut-être à ce moment là que le conflit prend une dimension plus
religieuse (B. Giblin).
Al Qaida : (la base en Arabe) est une structure
informelle qui s'apparente plus à une nébuleuse ou une franchise terroriste de
dimension mondiale qu'à un groupe terroriste.
Néo fondamentalisme : mouvement qui s’appuie sur une lecture très
stricte du Coran. Il rejette l’occident, souhaite ré islamiser la société et
condamne de la complaisance de l’Arabie Saoudite vis-à-vis des américains et
des occidentaux en général. Le projet politique du néo fondamentalisme est
moins clair que celui de l’Islamisme au sens strict.
b) A partir de 2001, débute
l’ère des conflits présentés comme des « guerres contre le
terrorisme »
En réaction, George Bush applique la stratégie
de la Global War on Terrorism
(Guerre Globale contre le Terrorisme). Une coalition internationale menée par
les États-Unis intervient en Afghanistan le 7 octobre 2001. Elle entraîne la chute
du régime des talibans en cinq semaines. Mais le pays reste politiquement
instable et la pression islamiste se maintient sous la forme d'une guérilla.
Les Etats-Unis, comme la France et le Royaume-Uni, restent donc longtemps
engagés dans la région.
En mars 2003, une autre coalition menée par les EU
envahit l'Irak. Il s'agit d’une guerre préventive (troisième guerre
du golfe). Les EU estiment, à tort, que l'Irak possède des armes de
destruction massive et soutient le terrorisme international. Des doutes sont
exprimés notamment par la France sur la légitimité de cette intervention et
c'est sans mandat onusien que l'offensive est lancée. Achevée
officiellement en mai 2003, cette guerre se mue en conflit asymétrique
opposant des forces très différentes par
leurs natures et leurs puissances.
En Palestine, le Hamas, mouvement islamique sunnite,
qui ne reconnaît pas l’Etat d’Israël, remporte les élections législatives de
2006 et prend le contrôle de Gaza. Par ailleurs, depuis le Liban, le hezbollah, mouvement chiite soutenu par l’Iran et la Syrie,
poursuit ses attaques contre Israël. Ceci explique l’intervention israélienne
au sud Liban en 2006. Les massacres perpétrés par Tsahal lui font perdre la guerre
de l’image. En 2008 (opération plomb durci),
puis en 2014 (opération bordure protectrice) l’armée israélienne intervient à
nouveau à Gaza. Aujourd'hui les négociations butent toujours sur les questions
suivantes : le retour des réfugiés palestiniens, les colonies israéliennes en
territoire palestinien, la construction d’un mur de sécurité-barrière
d’annexion par les israéliens, l'étendue de la souveraineté de l'autorité
palestinien, la menace islamiste (hamas).
c)
«Printemps
arabe » et incertitudes.
Sous
Hosni Moubarak, pour
l’Egypte et Bachar
el Asad, pour la Syrie, les conflits directs entre Israël et ses voisins
arabes sont en quelque sorte figés. En Egypte la chute du raïs, permet la prise du pouvoir par les islamistesdans un
premier temps, puis par le maréchal Al-Sissi. La Syrie est actuellement secouée par une guerre civile dont on ne connaît pas l’issue. Elle peut cependant
déstabiliser sérieusement l’ensemble la région. Israël reste menacé par des
terroristes palestiniens et par le hezbollah
libanais. Contre les roquettes de ce dernier, l’Etat hébreu tente d’étendre son
« dôme d’acier ». Il
cherche à élargir son glacis protecteur grâce aux implantations-colonies. Il poursuit la réalisation d’un dispositif de sécurité-mur de séparation
pour empêcher les infiltrations terroristes. Depuis l’affaire de la
« flottille » contre le blocus de Gaza les relations d’Israël avec la
Turquie se sont refroidies. Inquiet des
capacités de l’Iran à se doter dans un très proche avenir de l’arme nucléaire,
il réclame une guerre préventive contre
Téhéran.
Conclusion : Nombreux sont donc les enjeux qui font du
Proche et du Moyen-Orient, l’une des régions les plus conflictuelles du monde
depuis près d’un siècle. Les ressources sont convoitées depuis longtemps
notamment par les puissances coloniales. La région est également l’un des
terrains de l’affrontement indirect qui a opposé les deux superpuissances de la
guerre froide. Aujourd’hui, on ne saurait réduire les conflits à des guerres de
religions. Certes les représentations cristallisent certains antagonismes. Il
est vrai également que l’islamisme est
le moteur des mouvements les plus radicaux. Mais il faut rappeler que certaines
tensions sont avant tout le reflet de revendications nationales ou de
préoccupations sécuritaires. Des
questions comme celle du retour des réfugiés ou du statut de Jérusalem bloquent
les négociations de paix tandis que plane sur la région la menace nucléaire.
Auteur : Nérée Manuel
Bibliographie :
Ouvrages généraux :
GERE F., Pourquoi les guerres ? Un siècle de
géopolitique, 20.21 d’un siècle à l’autre, Larousse, 2002
LACOSTE Y, Géopolitique, la longue histoire
d’aujourd’hui, Larousse, 2008
VICTOR J-C, RAISSON V, TETART F. Le Dessous des cartes. Atlas géopolitique.
Editions Arte-Tallandier, 2005. [CDI]
GIBLIN, B. (sd) Géographie des conflits, documentation photographique,
n°8086, mars-avril 2012. [CDI]
Sur la région :
MUTIN G., Du
Maghreb au Moyen-Orient : un arc de crises, la Documentation
photographique n° 8027. [CDI]
PRIME (Coll.), Histoire de l’autre, coll. Piccolo,
Editions Liana Levi, 2003 [CDI]
REMY M., Proche-Orient 1914-2010, Les origines du
conflit israélo-palestinien, Eclairage Histoire, Les bons caractères, 2010.
ENCEL F., Atlas
géopolitique d'Israël, Les défis d'une démocratie en guerre, nouvelle édition
augmentée, Editions 2008. Editions Autrement.
GUIDERE M., Atlas des pays arabes ; Des révolutions
à la démocratie ?, Autrement 2012.
HASKI P., Israël, une histoire mouvementée, Les
essentiels, Milan, 2009 [CDI]
MOGRABI A., Pour un seul de mes deux yeux, arte vidéo, 2006.
Sur l’islamisme :
KEPPEL G., Jihad, Actuel, folio, 2003
ROY O., Généalogie de l'islamisme, Hachette,
1995
FILIU J-P, Les
9 vies d’Al-Qaida, Fayard, 2009.
Dernière mise à jour : 01-15