Stratégies d’entreprises : des systèmes productifs à
l’échelle mondiale
Aujourd'hui,
un Iphone est-il américain ou chinois ? On peut
sérieusement se poser la question. Ce seul exemple montre que de plus en
plus les productions sont intégrées dans
des logiques mondiales.
Comment
fonctionnent les systèmes productifs à l’échelle mondiale ?
Système
productif : « l’ensemble des
facteurs et des acteurs concourant à la production, à la circulation et à la
consommation de richesses » Laurent Carroué.
I
Dans le contexte de la mondialisation, de nombreux facteurs de localisation...
a)
... tels que les déterminants géographiques...
A l'échelle mondiale la répartition des
ressources est très inégale. Par
exemple, on ne trouve pas les terres
rares nécessaires à la production des composants de téléphones portables
partout dans le monde. Des Etats comme le Congo sont riches en ces minéraux et
à elle seule la Chine concentrerait 47% des réserves mondiales de terres rares nécessaires aux
productions hightechs. Elle contrôlerait également
90% du raffinage de ces terres rares.
Ressources : éléments présents dans le milieu permettent de
satisfaire les besoins humains.
Mondialisation : mise en relation des
différentes parties du monde par la multiplication de flux de natures diverses
(marchandises, capitaux, personnes, informations)
Terres rares : ensemble de
minéraux absolument nécessaires aux productions de haute technologie (coltan, gallium, etc)
b)
...ou encore les disparités sociaux-économiques et environnementales.
Parmi les facteurs de localisation figurent
le coût de la main d'oeuvre.
Ceci explique certains Etats pratiquent la politique du dumping social.
Son niveau de qualification est
également déterminant. Si bien qu'on a pu parler parfois de gisements de
matière grise. Le coût du
foncier peut aussi être important. La fiscalité peut aussi
déterminer la répartition des activités. Comme quand les GAFAM, déclarent leurs
bénéfices en Europe dans les pays où la fiscalité est la moins forte comme
l'Irlande ou les Pays-Bas Pour finir, les normes environnementales adoptées par certains pays peuvent
empêcher certaines productions ou les rendre plus coûteuses. Certains Etats
sont plus laxistes dans ce domaine. Cela peut attirer certaines activités
polluantes. On parle là de dumping environnemental.
Dumping
social
: stratégie des Etats qui acceptent des niveaux de salaires et de protection
social faibles pour attirer des capitaux étrangers.
Dumping
environnemental :
stratégie d’Etats qui acceptent de normes environnementales peu contraignantes
pour attirer des investisseurs étrangers.
II...déterminent
une organisation de l'espace économique mondial ...
a)
...caractérisée par des spécialisations des territoires.
A l'échelle mondiale, comme le montre l'étude
de cas sur le téléphone portable, la production de ces biens de consommation
s'inscrit de plus en plus en une chaîne de valeur ajoutée avec des étapes réalisées dans le monde entier. Ainsi, une nouvelle
division internationale du
travail (NDIT) s'est mise en place. On observe en effet une tendance
à la spécialisation des pays
dans les domaines dans lesquels ils bénéficient d'un avantage comparatif. Par exemple, les pays ateliers se spécialisent dans le
domaine de l'assemblage car le coût de leur main d'œuvre est faible.
L'exemple de l'Iphone illustre la volonté de
rationaliser et de rentabiliser la production. Les activités de conception (recherche et
développement-design) créant de la valeur ajoutée et de distribution (marketing-vente) restent
dans les pays du nord, tandis que
les activités d'assemblage sont souvent
délocalisées dans les pays du sud.
Ainsi des FTN comme Apple
parviennent à dégager d'importantes marges.
C'est ce qu'on appelle la courbe du
sourire. Cette organisation n'est pas figée. Avec la
qualification croissante de sa main d'œuvre, l'Inde s'est en partie spécialisée
dans les services et la production informatique.
NDIT
: nouvelle division internationale du travail.
Tendance à la spécialisation des économies dans les domaines où elles
bénéficient d'un avantage comparatif.
Chaîne
de valeur ajoutée
: succession d'activités de l'approvisionnement à la production finale. Chaque
étape ajoute de la valeur ajoutée au produit fini.
Avantage
comparatif
: domaine dans lequel un espace productif a un avantage sur les autres (main
d'œuvre, matière première, localisation)
Valeur
ajoutée
: pour faire simple, c'est la différence entre la valeur finale d'un produit et
la valeur des éléments nécessaires pour le réaliser (consommation
intermédiaire).
b)
et des dynamiques.
Les disparités et les spécialisations
renforcent un certain nombre de territoires et alimentent certaines dynamiques. Par exemple, certaines activités sont délocalisées
vers les territoires les plus intéressants pour leur réalisation. Cela
concerne, certaines activités industrielles comme la téléphonie, ou l'automobile mais aussi des
services comme le télémarketing ou l'assistance à distance. Pour bénéficier
d'effet de synergie, les activités s'agglomèrent également dans des systèmes
productifs spécialisés et dans les villes. Cela contribue à la métropolisation.
Pour finir, On voit également des activités se concentrer sur les littoraux. On
parle alors de processus de littoralisation ou de maritimisation.
Délocalisation : transfert
d'activités avec retour de la production finale vers le pays d'origine.
c)
De nombreux acteurs participent à cette organisation de l'espace économique
mondialisé.
Les firmes
transnationales (FTN) sont
des actrices majeures de la mondialisation. On peut les définir comme des firmes
réalisant plus de 25 % de leurs
productions et de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins six pays différents et
faisant plus de 500 millions de $ de
chiffre d'affaire (ONU). Ces transnationales représentent désormais plus
des 2/3 des échanges mondiaux. Parmi celles-ci on peut citer H&M,
Apple ou encore Total. 75% d'entre elles sont localisées dans les pays
développés.
Mais on voit que les Etats, jouent également un rôle dans cette
organisation de l'espace économique mondial. Ils inscrivent leurs politiques
économiques, sociales et environnementale et leurs aménagements dans la course
à la compétitivité territoriale. Ils font aussi le choix d'ouvrir plus ou moins
leurs économies et de participer à des organisations
d'intégration régionale comme l'Ue ou l’ACEUM
(Accord Canada Etats-Unis Mexique)
Pour finir, en tant que travailleurs ou consommateurs, les individus participent également
à la mondialisation.
Conclusion : Désormais, les productions industrielles s’inscrivent sur des territoires
à l’échelle mondiale.
Ces systèmes productifs sont révélateurs des disparités pour ne pas dire des
inégalités qui caractérisent le monde. Il y a des espaces de production bien
intégrés d'autres qui sont dominés ou marginalisés.